Exomars : lancement reporté à 2022
On le craignait, mais cela a été annoncé ce 12 mars : le lancement de la mission russo-européenne Exomars 2020 est reporté en 2022.
Lors d’une réunion dédiée, les responsables de l’ESA et de Roscosmos, Jan Wörner et Dmitry Rogozin, ont convenu que de nouveaux essais sur la mission Exomars étaient nécessaires et empêchaient le décollage de la mission en juillet 2020.
De plus, l’épidémie de Coronavirus qui sévit actuellement en Europe empêche les déplacements des ingénieurs de la mission sur les différents sites industriels, dont Thales Alenia Space à Turin où est effectué l’assemblage final d’Exomars.
«Nous avons pris une décision difficile mais bien pesée de reporter le lancement à 2022. Elle est principalement motivée par la nécessité de maximiser la robustesse de tous les systèmes d’ExoMars ainsi que par des circonstances de force majeure liées à l’exacerbation de la situation épidémiologique en Europe qui a laissé nos experts pratiquement sans aucune possibilité de voyage dans les industries partenaires. Je suis convaincu que les mesures que nous et nos collègues européens prenons pour garantir le succès de la mission seront justifiées et apporteront sans aucun doute des résultats uniquement positifs pour la mise en œuvre de la mission », a déclaré le directeur général de Roscosmos, Dmitry Rogozin.
«Nous voulons nous assurer que nous sommes sûrs à 100% pour une mission réussie. Nous ne pouvons nous permettre aucune marge d’erreur. Davantage d’activités de vérification assureront un voyage en toute sécurité et les meilleurs résultats scientifiques sur Mars », a déclaré le directeur général de l’ESA, Jan Wörner. «Je tiens à remercier les équipes de l’industrie qui travaillent sans relâche depuis près d’un an pour terminer l’assemblage et les tests environnementaux de l’ensemble du vaisseau spatial. Nous sommes très satisfaits du travail qui a été fait pour faire d’un projet unique une réalité et nous avons un solide corpus de connaissances pour terminer le travail restant aussi rapidement que possible. »
Tout est prêt sauf…
À ce jour, tout le matériel de vol nécessaire au lancement d’Exomars a été intégré au vaisseau spatial.
Le rover européen Rosalind Franklin avec ses neuf instruments a récemment passé les derniers tests en vide thermique. Il semblerait toutefois qu’il y ait des soucis à régler encore sur ses panneaux solaires, des soucis mineurs de collage.
Les tests de compatibilité électromagnétique du rover sont en cours chez Thales Alenia Space à Cannes. Ces tests permettent de vérifier que tous les instruments peuvent fonctionner ensemble sans interférer les uns les autres.
La plate-forme d’atterrissage russe Kazachok est entièrement équipée de ses treize instruments scientifiques.
Le module de descente Exomars et la plate-forme d’atterrissage ont été soumis à des tests environnementaux à Cannes, en France, pour confirmer que le vaisseau spatial est prêt à supporter les dures conditions de l’espace lors de son voyage vers Mars. Le module de descente a été soumis à la qualification de son système de propulsion en février.
L’une des principales causes du report du lancement vient des parachutes.
Les derniers tests d’extraction dynamique des parachutes ExoMars ont été effectués avec succès au Jet Propulsion Laboratory de la NASA. Mais il reste à faire les deux derniers tests de chute à haute altitude sur les parachutes principaux. Ces test étaient prévus initialement en décembre et en février. Ils ne seront faits que fin mars, dans l’Oregon, aux États-Unis.
Pour rappel, les tests des parachutes supersoniques de 15 mètres de diamètre et subsoniques de 35 mètres de large, nécessaires pour freiner l’atterrisseur lors de la phase de rentrée atmosphérique martienne, avaient échoué en mai et août 2019 [article Exomars]. La taille et la complexité sans précédent du système de parachute sont liées à l’atterrisseur Kazachok fourni par Roscosmos.
Une autre raison du report : les logiciels de vol
Assez surprenant, durant la conférence de presse de ce 12 mars, il a été annoncé que des activités de développement des logiciels étaient encore en cours. A priori les phases après séparation du module de croisière et d’atterrissage ne sont pas complètement validées à l’heure actuelle.
En complément, des boîtiers électroniques seraient sous-performants dans les mécanismes de descente et d’atterrissage russes, ce qui pourrait être une source de problèmes pour poser correctement le rover sur le sol martien.
L’ESA ne souhaite pas renouveler l’échec de l’atterrissage de Schiaparelli en 2016, et elle a bien raison d’être prudente.
Décollage entre août et octobre 2022
Les fenêtres optimales pour le lancement sur Mars s’ouvrent pendant quelques semaines tous les 26 mois, en raison des orbites respectives des planètes. Pour minimiser le carburant de l’étage de croisière, il faut lancer quand les deux planètes sont du même coté du Soleil, en opposition [voir article Exomars].
Le nouveau calendrier prévoit un lancement entre août et octobre 2022.
Une fois les essais réalisés, Exomars sera stocké dans l’attente du lancement chez Thales Alenia Space à Turin, dans des conditions de propreté extrêmes.
Source principale : communiqué ESA
La pandémie actuelle (due à un serpent, une chauve-souris – cf. Jean-Marie Bigard – et un pangolin… petites causes, grands effets) est-elle susceptible de menacer le lancement de Soyouz MS-16 attendu pour le 9 avril ?
Il semble qu’il n’y ait pas d’impact à ce jour. La publication de ce samedi 14 mars de Roscosmos anonce toujours le 9 avril.