Chute du module spatial chinois Tiangong-1 : pas de panique !
Dernièrement des articles plus ou moins sérieux, mais surtout plus sensationnels les uns que les autres ont été écrits sur des sites non spécialisés décrivant le danger de la chute sur nos têtes du laboratoire chinois Tiangong-1.
Voici un rappel des faits et les risques encourus selon certains spécialistes.
Tiangong-1 un labo spatial incontrôlé
Le premier laboratoire spatial chinois a été lancé le 24 septembre 2011. En juin 2012, le premier équipage de 3 taïkonautes, Jing Haipeng, Liu Wang et Liu Yang (la première chinoise dans l’espace) effectue un séjour de 12 jours dans Tiangong-1, suivi d’un second équipage en juin 2013 pendant 15 jours. [lire Le programme spatial habité chinois : hier, aujourd’hui et demain ?].
La mini-station chinoise a vu son sas fermé à tout jamais le 25 juin 2013, mais a continué d’envoyer des données au sol d’expériences à bord pendant plusieurs mois.
En mars 2016, la Chine a officiellement annoncé avoir perdu le contact avec le module et donc ne pourrait effectuer le contrôle de sa rentrée atmosphérique. Depuis Tiangong-1 voit son orbite décroître petit à petit en raison du vent solaire et des particules de la très haute atmosphère qui le freinent, et cela va s’accélèrer au fur et à mesure que l’altitude déclinera.
La désorbitation suivie de près
L’orbite de la Station chinoise est surveillée par la Chine mais aussi par d’autres nations, notamment dans le cadre du Comité Inter-Agences de Coordination des Débris Spatiaux (IADC, Inter-Agency Space Debris Coordination Committee) auquel participent l’ESA et le CNES par exemple. Plusieurs méthodes sont utilisées : les télescopes et les radars.
La Chine publie des mises à jour régulières de l’orbite de la Station (ici). Au 26 novembre, Tiangong-1 se situait à une altitude moyenne de 293,6 km (périgée à environ 282,8 km,apogée à 304,4 km, une inclinaison d’environ 42,68°).
Vu son orbite, sa rentrée atmosphérique aura lieu entre les latitudes 43° Nord et 43° Sud.
Mais selon Holger Krag, responsable du bureau des débris orbitaux à l’ESA, » la date, l’heure et la zone géographique de la rentrée ne peuvent être prédits qu’avec de grandes incertitudes. Même peu avant la rentrée, seule une estimation large de la date et de la zone géographique pourront être faites « .
Les prédictions actuelles donnent une date de rentrée entre février et mai 2018.
Quels risques ?
L’agence spatiale chinoise pour les vols habités estime que la quasi-totalité du module va brûler dans l’atmosphère terrestre. Mais même l’ESA estime qu’en raison de la masse et les matériaux de construction de la Station, il est possible que certaines parties de celle-ci survivront et atteindront la surface.
Selon la NASA, comme 70% de la surface de la Terre est composée d’eau, et que seulement 2% des terres sont peuplées, la probabilité que des débris spatiaux atteignent un humain est de 1 sur 3200.
Jonathan Mc Dowell, astronome et une référence sur le calcul de trajectoire notamment, à qui j’ai demandé son avis, estime en première approximation à 1 « chance » sur 10 000 qu’un débris heurte une personne, et que 5 à 10% du véhicule survive à la surface. Pour lui, Tiangong-1 n’est toutefois pas une grande menace. Comme il me l’a rappelé, il y a eu environ 2 000 rentrées de grands débris depuis le premier satellite Spoutnik, et pas de blessures, donc une probabilité de quelques milliers avant que quelqu’un ne soit blessé !
A ce jour, aucune victime n’a été déclarée dans toute l’histoire spatiale suite à la chute de débris spatiaux. Espérons que cela va continuer. Ce ne serait vraiment pas de chance si Tiangong-1 blessait quelqu’un.
Pour suivre en quasi temps-réel Tiangong-1 : www.n2yo.com/?s=37820 ou là www.satflare.com/track.asp?q=37820
Merci à Andrew Jones pour les informations pertinentes sur la Chine spatiale et à Jonathan Mc Dowell pour avoir répondu à mes questions.