Rêves d'Espace

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Histoire spatiale

Apollo 13 « failure is not an option »

Il y a 50 ans, la mission Apollo 13 s’achevait avec le retour sains et saufs des 3 astronautes Jim Lovell, Jack Swigert et Fred Haise. Cette 3e mission qui devait voir se poser à nouveau 2 hommes sur la Lune n’intéressait plus vraiment le grand public à l’époque, mais un incident vint perturber la mission qui faillit tourner à la catastrophe, et la replaça sous les feux de l’actualité.

Cet article fait suite à un fil sur Twitter sur Apollo 13 qui m’a été inspiré par les infographies de Tony Bela. Voici le fil retranscrit ici.

Décollage

Le 11 avril 1970, la mission Apollo 13 commençait à bord de la puissante fusée Saturn V.

Le décollage était effectué à 19h13 UTC depuis Cap Canaveral en Floride.

Décollage d’Apollo 13 (crédit NASA)

Moins de 4 minutes après le décollage, le premier étage est éjecté et la tour d’évacuation d’urgence du vaisseau également.

5 minutes et 30 secondes après le décollage, le moteur central du second étage s’arrête 2 minutes trop tôt obligeant les 4 autres à brûler 34 s de plus et le troisième étage 9 secondes de plus. Mais la mission Apollo 13 se poursuit normalement.

9 minutes et 52 secondes après le décollage, le second étage est séparé. L’allumage du 3e étage permet la mise sur orbite terrestre du train lunaire.

Insertion sur orbite lunaire

L’injection sur l’orbite trans-lunaire s’est bien passée. Un peu plus de 3 heures après le décollage, la transposition du Module Lunaire peut commencer : le Module de Service et de Commande se détache du 3e étage pour faire un 180° et s’amarrer au LM.

Moins de 5 heures après le décollage, le train lunaire est formé : le LM Aquarius est amarré au Module de Commande Odyssey.

Explosion dans l’espace

56 heures dans la mission, l’astronaute Jack Swigert effectue la procédure de routine « cryo stir » afin de brasser l’oxygène liquide du réservoir du Module de Service qui a tendance à se stratifier en microgravité. Le réservoir n°2 explose.

Houston we’ve had a problem

Jim Lovell et Fred Haise contactent alors le Mission Control à Houston et prononcent la célèbre triste phrase « Houston we’ve had a problem »

Mission sauvetage

Avec l’explosion du réservoir d’oxygène, Apollo 13 a perdu ses principaux moyens de production d’énergie, d’eau et d’oxygène. En moins de 2 heures les contrôleurs au sol demandent à l’équipage de mettre en route le Module Lunaire qui servira de canot de sauvetage.

Le Mission Control décide de ne pas faire faire demi-tour au vaisseau mais de faire un vol derrière la Lune le temps de trouver comment sauver l’équipage.

Mission Control à Houston en conversation avec Fred Haise peu de temps avant l’explosion (crédit NASA)

Insertion en orbite terrestre

J+4 Le module de service et le module de commande attachés au LM sont désormais passés derrière la Lune. Une impulsion du moteur du LM et voilà les 3 astronautes sur une orbite d’insertion terrienne (TEI)

Bricolage en orbite

Mais les astronautes sont 3 dans le Module Lunaire qui n’est prévu à la base que pour 2 personnes.

Le niveau de dioxyde de carbone augmente dangereusement. Et il reste 3 jours avant le retour sur Terre.

Au Mission Control de Houston, ils cherchent une solution.

Mission Control Houston durant Apollo 13 (crédit NASA)

Les épurateurs du LM arrivent à saturation. Les contrôleurs au sol pensent aux épurateurs du Module de Commande abandonné pour l’instant, mais problème, ils sont avec une interface carrée alors que ceux du LM sont avec une interface cylindrique.

Le plus gros « bidouillage spatial » va avoir lieu sur Apollo 13 : le Sol crée un épurateur de CO2 qui pourra s’emboîter sur le système du LM, avec que des matériaux disponibles à bord : la « mailbox ».

L’astronaute en chef Deke Slayton présente la « mailbox » à la direction de la NASA (crédit NASA)

Les astronautes d’ Apollo 13 réalisent le bricolage qui va leur éviter de mourir asphyxiés.

Jack Swigert à droite
la « mailbox » sur Apollo 13

Mais rien n’est gagné pour autant, il faut pouvoir rentrer sur Terre…

Préparation au retour sur Terre

Au 5e jour de la mission, les astronautes commencent à préparer leur retour sur Terre. Ils allument à nouveau des parties du Module de Commande.

Comme la production d’électricité a été réduite, les moyens de chauffage de l’habitacle ont été réduits aussi. Les astronautes commencent à avoir très froid. La température a baissé à 3,3°C. Et le risque de court-circuit augmente avec la condensation.

L’équipage d’Apollo 13

Quelques heures avant le retour sur Terre, les 3 astronautes quittent le Module Lunaire qui a été leur canot de sauvetage pendant 5 jours. Ils retournent à bord de la capsule du Module de Commande.

Le Module de Service est largué et pour la première fois les astronautes voient l’étendue des dégâts de l’explosion du réservoir d’oxygène.

Le Module de Service vu depuis le Module de Commande (image A ci-dessous) ; la Lune au fond (crédit NASA)
Photos NASA améliorées du Module de Service Apollo 13 par Andy Saunders

Retour sur Terre

T0+141 minutes dans la mission Apollo 13 le Module Lunaire est éjecté du Module de Commande. Le retour sur Terre est imminent.

Un dernier coup d’oeil au LM Aquarius, le canot de survie de l’équipage.

Moins d’une heure avant l’amerrissage, c’est l’un des derniers instants redoutés de la mission Apollo 13 : la rentrée atmosphérique : la capsule va-t-elle rentrer avec le bon angle ? Supporter la chaleur qui monte jusqu’à 2700°C à l’extérieur ?

La perte de communication entre le vaisseau et le Sol dure 1’30 » de plus que la normale, mais l’équipage reprend contact et va bien. Les parachutes de freinage se déploient.

Les ingénieurs au sol à Houston commencent à « respirer ».

Amerrissage réussi et récupération

Et c’est le « splashdown » ou l’amerrissage !

Les 3 astronautes Jim Lovell, Jack Swigert et Fred Haise sont rapidement récupérés par la Navy.

Les 3 astronautes d’Apollo 13 sont ensuite hélitreuillés et amenés à bord de l’U.S.S. Iwo Jima. Ils ne sont pas placés en quarantaine a contrario de leurs collègues d’Apollo 11 et d’ Apollo 12 vu qu’ils ne sont pas allés sur la Lune.

La mission Apollo 13 se termine après 5 jours, 22 heures, 54 minutes et 41 secondes le 17 avril 1970.

Fred. W. Haise, John L. Swigert  et James A. Lovell Jr. sur l’USS IWO Juva (crédit NASA)

Un sauvetage réussi grâce aux équipes du Mission Control

Leur retour sur Terre sains et saufs est surtout dû au travail sans relâche des ingénieurs au sol du Mission Control au Centre Johnson à Houston. Pour eux, il n’a jamais été question de les laisser mourir en vol, la défaillance n’était pas une option [failure is not an option].

Mission Control à Houston au moment de la récupération de l’équipage d’Apollo 13 sur l’USS Iwo Jima (crédit NASA)

Ces derniers, une fois l’équipage récupéré peuvent enfin savourer leur victoire.

Au premier plan, Gerry Griffin et Gene Kranz, directeurs de vol sur Apollo 13 (crédit NASA)

Avant de quitter le LM, les astronautes Apollo 13 ont retiré un des miroirs du module lunaire. Il est désormais exposé au centre Johnson à Houston dans la salle de contrôle des opérations des missions Apollo restaurée.

Retrouvez mon interview de Gerry Griffin (à 6’46 » sur Apollo 13) 

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2 réflexions sur “Apollo 13 « failure is not an option »

  • Michel Clarisse

    NB : c’est Jack Swigert qui prononça cette phrase historique. Le « capcom » était Jack Lousma.

    NB : Lovell et Haise auraient dû être les 5e et 6e hommes sur la Lune (après Armstrong, Aldrin, Conrad et Bean).

    A mon avis, ce ne fut pas la 3e mais la 5e mission lunaire (habitée) après Apollo 8, 10, 11 et 12. Les astronautes des missions Apollo 8 et 10 ont en effet survolé la Lune.

    En tout cas, le CM (ou CSM) et le LM portaient bien leurs noms, Odyssey et Aquarius !

    Pour Aquarius, cf. la comédie musicale « Hair »… (qui date de la même époque puisque créée en octobre 67)

    Répondre
    • Selon la transcription des communications entre le Sol et Apollo 13 (https://www.hq.nasa.gov/alsj/a13/AS13_TEC.PDF page 167), c’est le LMP (pilote du Module Lunaire, Fred Haise) qui commence avec « Okay, Houston… » et ensuite le CDR (commandant Jim Lovell) qui continue « I believe we’ve had a problem here ».
      J’ai modifié la phrase d’introduction pour préciser en effet qu’il s’agissait de la 3e mission pour voir des Hommes se poser sur la Lune.

      Répondre

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