L’actualité spatiale de la semaine du 24 juillet : Soyouz et un nouvel équipage pour l’ISS, Simorgh et Momo
Une semaine relativement calme encore mais avec toutefois un vol habité et deux lancements inhabituels.
Un nouvel équipage pour l’ISS
L’Expedition 52 a commencé avec l’arrivée de Paolo Nespoli, Sergueï Ryazansky et Randy Bresnik à bord de l’ISS ce 29 juillet.
A lire dans : Expedition 52 complète à bord de l’ISS
Premier lancement réussi de Simorgh, la fusée iranienne
L’Iran a annoncé ce 27 juillet avoir réussi le lancement de sa fusée Simorgh (phoenix en persan), sans objectif de placer un satellite en orbite.
Le lanceur léger a décollé vers 9h30 UTC depuis l’Imam Khomeiny Space Launch Center (IKSLC), dont c’était l’inauguration.
Ce lanceur, appelé aussi Safir-2, est une évolution de la fusée iranienne Safir qui a déjà placé sur orbite 4 satellites [lire Le lancement du 2 au 8 février : Safir]. A terme, Simorgh aurait la puissance de mettre sur orbite à 500 km d’altitude une charge utile de 250 kg. Cela permettrait à l’Iran d’avoir une capacité autonome d’accès à l’espace pour l’observation de la Terre, la météorologie et pourquoi pas les communications.
Un premier lancement avait eu lieu en avril 2016 mais une défaillance avait entraîné la perte du lanceur, selon les services de renseignement russes et américains qui avaient suivi le décollage. Ce tir n’avait pas été reconnu par l’Iran. D’autres lancements auraient eu lieu en juillet 2016 et janvier 2017, mais encore non reconnus par l’Iran, donc sans doute encore des échecs (source Spaceflight101).
Toutefois ce lancement annoncé comme un succès par l’Iran n’aurait pas réussi à être un vol orbital selon une source anonyme du Pentagone américain, seulement suborbital, et confirmant qu’aucun satellite n’a été mis sur orbite.
L’Iran serait en train de développer d’autres versions encore plus grosses du lanceur Safir-2, avec même des ambitions d’envoyer un Iranien dans l’espace.
Échec de Momo, un lanceur japonais privé
Après Rocket Lab et son Electron, c’est au tour d’une petite entreprise privée de tenter de faire décoller et de mettre sur orbite un lanceur léger.
Momo, fabriqué par Interstellar Technologies, a décollé ce dimanche 30 juillet à 7h32 UTC depuis Taiki sur l’île d’Hokkaido au Japon.
La télémesure ayant été perdue rapidement, vers 66 secondes de vol, les contrôleurs au sol ont déclenché la destruction de la fusée-sonde vers 80 secondes après le décollage. Elle s’est abîmée en mer à environ 6,5 km du pas de tir. Elle aurait atteint environ 20 km d’altitude.
La fusée est prévue pour faire des vols pour livrer des charges utiles de 10 kg à une altitude de 130 km, ou de 20 kg à 120 km d’altitude, et redescendre sur Terre (enfin plutôt en mer) sous parachutes. Momo (pêche en japonais) étant à carburants liquides, cela préfigure sans doute un lanceur orbital, Interstellar Technologies souhaitant placer sur orbite basse des petites charges utiles à moindre coût.
S’agissant de l’envoi éventuel d’un Iranien dans l’espace, dont il est question depuis bien des années, au moins depuis novembre 2005, ce devrait être dans un premier temps lors d’un vol suborbital – ou peut-être orbital mais de courte durée – à l’instar des premiers vols US du programme Mercury. Un tel vol est actuellement prévu pour 2021 (voir plus bas).
Dès 2005, l’Iran envisageait de disposer à terme d’un laboratoire orbital donc d’une sorte de Spacelab mais devait commencer par le commencement, soit construire une capsule monoplace comme au bon vieux temps de la conquête spatiale.
C’est donc tout naturellement que, malgré son anti-américanisme primaire, l’Iran développe une capsule conique assez semblable à la Mercury du Grand Satan (et à l’ex-projet chinois Shuguan qui sera remplacé par le Shenzhou). Elle fait 2,30 m de long (ou de haut, c’est comme on veut, ça dépend du point de vue), 1,85 m de diamètre (au maximum) et pèse 1,8 tonne au lancement (contre 1,5 tonne pour la Mercury) mais 1 tonne seulement à l’atterrissage. Elle peut atteindre une altitude de 175 km.
Rappelons que l’Iran a déjà envoyé à plusieurs reprises des animaux dans l’espace (vols suborbitaux), d’abord des rats (ou souris selon les sources, je ne suis pas allé vérifier… car comme le dit si bien Geluck, « quand le shah n’est pas là, les souris ne dansent pas non plus »… et que, « dans les prisons d’Isfahan, on entend des cris persans »…), des tortues et des vers, au moins 2 fois, les 3 février 2010 et 15 mars 2011 (fusées Kavoshgar-3 et 4), puis – après un échec en septembre 2011 (quel jour ?) – , des singes, là encore au moins 2 fois, les 28 janvier et 14 décembre 2013 (à 120 et 116 km d’altitude), ceci dans le cadre des programmes Kavoshgar (Explorer / Safir), Pishgam (Pionnier) et Pajohesh (Recherche).
Les deux singes rhésus, des mâles, furent baptisés Pishgam (Pionnier) comme la fusée du même nom (alias Kavoshgar-5 comme s’il n’y avait pas eu d’échec en septembre 2011…) et Fargam (Augure), celui-ci lancé par une fusée Pajohesh (alias Kavoshgar-8, version civile de la Shahab-3).
Pour la petite histoire, Fargam avait pour « doublure » et « triplure » deux femelles baptisées Torang et Toranj. Etaient-elles voilées de façon réglementaire ?, ce n’est pas précisé. Sinon, elles étaient bonnes pour la charia.
L’Iran fut la 7e puissance spatiale à avoir envoyé des animaux dans l’espace (pour des vols suborbitaux) après les USA (les premiers êtres vivants envoyés là-haut furent des mouches le 20 février 1947), l’URSS, la France, la Chine, l’Argentine (eh oui !…) et le Japon. Toujours pas l’Inde ? (à vérifier)
Un premier groupe de cosmonautes (ou astronautes) iraniens devait être formé en 2014 et comprendre 5 ou 6 membres mais, depuis lors, aucune nouvelle précise quant aux heureux élus. Le premier vol spatial d’un Iranien, d’abord prévu pour « avant 2020 » l’est actuellement pour 2021.
On peut aussi rappeler qu’il y a déjà eu une Iranienne – devenue Américaine – dans l’espace, à savoir Anousheh Ansari (455e « homme » et 44e femme de l’espace) et que, d’ici quelques années, il y en aura une 2e, également US, Jasmin Moghbeli, du groupe 22 de la NASA. Ce qui prouve bien, il ne faut pas se voiler la face, que la femme est l’avenir de l’homme, n’en déplaise à certains.
Le directeur du programme spatial piloté iranien est Muhammad Ibrahim.
Pour ce qui concerne la fusée Simorgh (Phoenix ou Safir-2, la Safir-1 étant la Kavoshgar, version civile de la Shahab), c’est son 4e lancement mais seulement son premier succès après ceux des 19 avril 2016 (échec partiel ou succès partiel selon le point de vue), 11 juillet 2016 (échec) et 26 janvier 2017 (échec).
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/ Momo
Le nom de cette fusée peut prêter à confusion car ce fut aussi le nom de 2 satellites japonais (Momo = Pêche), alias MOS-1A et MOS-1B (Marine Observation Satellite), lancés respectivement les 18 février 1987 et 7 février 1990 (et tombés en panne respectivement les 31 mars 1995 et 25 avril 1996).