Succès du vol inaugural d’Ariane 6
Ariane 6 a décollé ce 9 juillet à 19h00 UTC depuis le Centre Spatial Guyanais. Avec ce premier lancement réussi, Ariane 6 décolle et redonne un lanceur à l’Europe !
La mission s’est déroulée correctement pendant la phase de mise sur orbite du lanceur et jusqu’au largage d’une grande partie de ses passagers [Les charges utiles du vol inaugural d’Ariane 6]. On saura sans doute plus tard si les expériences restées à bord de l’étage supérieur ont fonctionné correctement.
On a eu droit à de superbes images des caméras embarquées, dont notamment la séparation de l’étage inférieur LLPM depuis l’étage supérieur ULPM
Par contre, un souci avec l’APU (Unité de Propulsion Auxiliaire) a empêché le troisième réallumage du moteur Vinci [étape 10 ci-dessous]. La désorbitation de l’étage supérieur n’a pas eu lieu comme prévu.
Je n’ai pas le statut actuellement sur les 2 capsules qui devaient être larguées ensuite [je mettrai à jour l’article dans les jours à venir en fonction des communiqués de l’ESA].
Selon Arianespace qui va exploiter les futurs lanceurs, cela ne devrait pas affecter le planning pour le prochain lancement prévu en fin d’année.
Ariane 6, un nouveau lanceur modulable
Contrairement à Ariane 5, Ariane 6 se veut plus modulable, polyvalente et moins chère à produire.
Ariane 6 lancée ce jour est une version 62, soit avec 2 boosters latéraux, mais il va exister dans les mois à venir une version 64 avec 4 boosters latéraux. Ces boosters constituent le premier étage du lanceur. Ils fournissent la poussée principale lors du décollage. Ces boosters, les P120C sont communs à la fusée Vega C développée par Avio Group, et cela permet de faire des réductions de coûts.
L’étage principal inférieur est alimenté par le moteur à carburant liquide Vulcain 2.1, une version optimisée du moteur Vulcain principal d’Ariane 5. Il a été simplifié par rapport à celui d’Ariane 5 et certaines pièces ont été réalisées en impression 3D.
L’étage supérieur est alimenté par un moteur Vinci ré-allumable, fonctionnant à l’oxygène et à l’hydrogène liquide, les mêmes carburants que ceux consommés par l’étage principal. Le moteur Vinci permet à Ariane 6 de mettre de nombreux satellites en orbite au cours d’une seule mission. Une fois toutes les charges utiles acheminées à destination, le moteur Vinci s’allume une dernière fois pour se débarrasser en toute sécurité de l’étage supérieur, évitant ainsi qu’il ne se transforme en déchet spatial ni ne menace d’autres objets en orbite. On parle de désorbitation de l’étage supérieur.
La coiffe, fabriquée en polymère renforcé de fibre carbone, qui se situe au sommet d’Ariane 6, protège les satellites des contraintes thermiques, acoustiques et aérodynamiques pendant la phase d’ascension du lanceur dans les couches denses de l’atmosphère. Quand le lanceur a dépassé les 100 km d’altitude environ, elle s’ouvre verticalement. La coiffe se décline dans des longueurs de 14 et 20 m, pour un même diamètre de 5,4 m.
Une coopération européenne
Comme pour Ariane 5, Ariane 6 reste un programme de l’Agence Spatiale Européenne. À ce titre, de nombreux pays sont impliqués dans le développement et la fabrication du lanceur, en raison notamment du « retour géographique » [chaque pays contributeur au programme bénéficie en retour d’activités dans son pays].
On souhaite longue vie à Ariane 6. 29 lancements sont déjà commandés à Arianespace. Le prochain vol devrait avoir lieu d’ici la fin de l’année pour la mise en orbite du satellite militaire français CSO-3.
Photo de couverture : ESA / Manuel Pédoussaut
Synthétique mais exhaustif. Très bien illustré. Merci