Solar Orbiter : la science commence en avance
La mission Solar Orbiter de l’Agence Spatiale Européenne avec une participation de la NASA lancée en février 2020 n’en est encore qu’à sa « phase de croisière », principalement centrée sur l’étalonnage des instruments, qu’elle apporte déjà des retombées scientifiques.
Première découverte
Les opérations scientifiques primaires de SolO ne devaient débuter qu’en octobre 2021 mais la mission a déjà observé des « feux de camp » à la surface du Soleil. Ces feux de camp de courte durée durent entre 10 et 200 secondes et ont une empreinte « au sol » comprise entre 400 et 4000 km. Ils sont situés très bas dans l’atmosphère solaire, à seulement quelques milliers de kilomètres au-dessus de la surface solaire, la photosphère.
Des simulations informatiques montrent que ces éruptions solaires miniatures sont probablement entraînées par un processus qui peut contribuer de manière significative au réchauffement de l’atmosphère extérieure du Soleil, ou la couronne solaire. Si cela est confirmé par d’autres observations, cela ajoute un nouvel élément pour expliquer pourquoi la couronne solaire est plus chaude (~1 million de degré) que la surface du Soleil (~5 500 °C), l’un des plus grands mystères de la physique solaire actuels.
Premières éjections de masse coronale observées
Solar Orbiter a observé ses premières éjections de masse coronale (CME – Coronal Mass Ejection en anglais) fin 2020 et début 2021.
Les instruments Metis ont détecté une CME le 17 janvier, et EUI en avait détecté une en novembre de l’année dernière, tandis que les capteurs in situ de SolO avaient enregistré leur première CME peu après le lancement en avril 2020.
Mais les 2 plus grosses CME ont été détectées alors que la sonde se situait de l’autre côté du Soleil d’un point de vue de la Terre, peu après le périhélie (ou passage au plus près du Soleil) du 10 février 2021.
L’imageur dans l’ultraviolet extrême (EUI), l’imageur héliosphèrique (SoloHI) et le coronographe Metis ont capturé différents aspects de deux CME qui ont fait éruption au cours de la journée.
Une bonne partie des instruments in situ ont également détecté une activité au niveau des particules autour de ces CME. Les données sont en cours d’analyse.
Les CME ont également été détectées par Proba-2 de l’ESA et par la mission SOHO de l’ESA/NASA depuis la face avant du Soleil, tandis que STEREO-A de la NASA, situé à l’écart de la ligne Soleil-Terre, en a également eu un aperçu, ce qui permet aux scientifiques d’avoir une vue globale des événements.
Les CME sont des éruptions de particules provenant de l’atmosphère solaire qui se propagent dans le Système Solaire. Les CME constituent un élément crucial de la « météo spatiale ». Ces particules provoquent des aurores sur les planètes dotées d’une atmosphère, mais elles peuvent aussi engendrer des dysfonctionnements dans certaines technologies et être dangereuses pour les astronautes non protégés. Il est donc primordial de comprendre les CME et de pouvoir suivre leur progression à mesure qu’elles se propagent dans le Système Solaire.
Encore des découvertes à venir
Solar Orbiter commencera des observations coordonnées entre sa suite de dix instruments de télédétection et in situ à partir de novembre 2021. Les scientifiques espèrent des mesures du vent solaire au plus près de son origine supposée dans les profondeurs de la photosphère, ainsi que des mesures précises de la couronne solaire et de l’héliosphère intérieure.
L’orbite de SolO effectue plusieurs passes près de Vénus afin de la placer progressivement sur une orbite inclinée autour du Soleil, ce qui lui permet d’observer les régions polaires de notre étoile jusqu’à présent non observées. Le premier survol de Vénus a été effectué le 27 décembre 2020.
SolO a atteint son premier périhélie à 0,46 unités astronomiques (UA) (77 millions de kilomètres) du Soleil le 15 juin 2020. Le 10 février 2021, SolO se situait à la moitié de la distance entre la Terre et le Soleil. Au bout de 7 ans de mission initiale prévue, cette distance sera réduite à seulement 0,28 UA (42 millions de kilomètres) du Soleil, à l’intérieur à l’orbite de Mercure.
Source principale : https://www.esa.int/Science_Exploration/Space_Science/Solar_Orbiter
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