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Technologie

Selfie en orbite géostationnaire pour un satellite Eutelsat d’Airbus Space

Lancé le 15 octobre 2022, le satellite de télécommunications Hotbird-13F d’Eutelsat a mis 5 mois pour rejoindre l’orbite géostationnaire. A l’issue de cette arrivée sur son orbite opérationnelle, une caméra installée sur le satellite a envoyé de magnifiques et rares images depuis 36 000 km d’altitude.

La Terre depuis 36 000 km d’altitude depuis le satellite de télécommunications Hotbird-3F (crédit Airbus/Eutelsat)

Voici mon décryptage.

Un satellite à propulsion électrique

Le satellite Hotbird-13F est un gros satellite (4,5 tonnes) de télécommunications fabriqué par Airbus Space. Il est basé sur la plate-forme satellite Eurostar Neo, développée dans le cadre d’un partenariat de l’ESA, le CNES et l’agence spatiale britannique avec Airbus pour favoriser l’innovation et la compétitivité dans l’industrie spatiale européenne. Un partenariat identique avec Thales Alenia Space a été également effectué pour les plateformes Spacebus Neo.

Le satellite Hotbird-13 chez Airbus Space à Toulouse avant son départ pour le site de lancement. Les réflecteurs noirs et les panneaux solaires comme les bras des moteurs ioniques sont en configuration repliée de lancement (crédit Airbus)

Le satellite est à propulsion « électrique » ou ionique [en résumé un gaz est ionisé par un fort courant électrique qui entraîne une poussée]. Cette technologie permet d’accroître la partie charge utile du satellite (la mission télécom ici) et de ne pas emporter environ 2 tiers de la masse au lancement en carburants. Par contre, ce type de propulsion a une poussée environ 1000 fois plus faible que celle de la propulsion chimique classique.

C’est pourquoi la phase EOR, Electric Orbit Raising [élévation électrique de l’orbite], a pris 5 mois. En effet, le lanceur Falcon 9 l’a laissé sur orbite de transfert géostationnaire (GTO) de 380 x 55950 km x 27,1°.

Séparation du satellite Hotbird-13F du second étage Falcon 9 le 15/10/2022 (crédit SpaceX)

Comme pour tout satellite laissé sur cette orbite GTO, il faut circulariser l’orbite pour qu’elle devienne GEO (GEostationnary Orbite) à 36 000 x 36 000 km. C’est ce qu’on apelle la mise à poste (ou LEOP pour Launch and Early Orbit Phase) et dans le cadre d’un satellite à propulsion électrique, une EOR.

Pour ce faire, le satellite a utilisé ses moteurs installés au bout de bras déployés après lancement.

Schéma de principe de la direction de poussée des moteurs propulsions ioniques (crédit CNES)
Zoom sur le bras et les moteurs à propulsion ionique (crédit Airbus)

Pour la première fois, un satellite de télécommunications d’Airbus embarquait une caméra au bout de l’un de ses bras.

Cela a permis aux équipes du constructeur et de l’opérateur de s’assurer notamment visuellement du bon déploiement de l’un des réflecteurs servant pour la transmission des communications.

A gauche et à droite, les réflecteurs sont encore repliés en configuration lancement (crédit Airbus/Eutelsat)
Le « Y » en bas à droite est le début de la structure porteuse des panneaux solaires
A gauche et à droite, les réflecteurs sont dépliés (crédit Airbus/Eutelsat)
Vers le bas, la structure en Y des panneaux solaires est moins visible car les panneaux ont effectué une rotation

Ces images auront sans nul doute d’autres intérêts comme pour voir le comportement du satellite au fil des mois, des dégradations éventuelles et éventuellement si des satellites s’approchent un peu trop près.

Je suis particulièrement ravie de voir ces images car j’ai personnellement contribué au début du projet de caméra embarquée au bout du bras de propulsion ionique.

Image de couverture : une 4e image selfie du satellite (crédit Airbus/Eutelsat)source

Lire aussi sur ce satellite : Un nouveau moyen de transport de satellites : le Beluga.

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