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Le profil de la mission Artemis III de retour d’humains sur la Lune est-il en train de changer ?

Artemis III est la troisième mission du programme Artemis de NASA, visant à ramener des humains sur la Lune pour la première fois depuis Apollo 17 en décembre 1972. Actuellement cet atterrissage est basé sur le Starship de SpaceX.

En 2021, NASA a attribué un contrat de 2,9 milliards de dollars pour l’atterrisseur lunaire à SpaceX, qui a proposé une variante de son vaisseau Starship [voir mon article sur le programme Artemis en 2022]. En 2023, NASA sélectionne un deuxième atterrisseur, Blue Moon de Blue Origin, avec un contrat de 3,4 milliards de dollars, pour la mission Artemis V, prévue au plus tôt en 2030.

Lors du congrès international d’astronautique 2025 à Sydney, la NASA présentait une (légère) mise à jour de son programme Human Landing System (HLS), avec un atterrissage d’Artemis III prévu pour 2027.

Le Starship est toujours présenté comme l’atterrisseur lunaire, avec 90 jours sur orbite lunaire en attendant l’arrivée des astronautes qui décollent sur le vaisseau Orion avec le SLS, et l’atterrissage de 2 astronautes sur le sol lunaire.

La NASA a rappelé les jalons nécessaires avant cette mission : SpaceX doit réaliser plusieurs vols orbitaux, un test longue durée sur orbite du Starship et plusieurs essais de transfert d’une très grande quantité de carburants cryogéniques (que personne n’a jamais réalisé à ce jour) entre 2 Starship pour le ravitaillement en vol, et la démonstration d’un atterrissage lunaire sans équipage et de redécoller de la Lune.

Une annonce choc de Sean Duffy, administrateur par intérim de la NASA

Le 20 octobre, Sean Duffy, administrateur par intérim de la NASA, a déclaré à la télévision américaine l’ouverture d’une compétition pour un nouvel atterrisseur avant janvier 2029.

Shawn Duffy a souligné que SpaceX est en retard avec son Starship HLS et que la NASA cherche un autre atterrisseur capable d’opérer plus rapidement. Duffy a également indirectement reconnu que l’objectif de la NASA d’un atterrissage lunaire avec équipage en 2027 n’est plus réalisable. L’Administration américaine craint désormais de ne plus retourner sur la Lune avant l’arrivée de la Chine.

Ils sont en retard, et donc le Président veut s’assurer que nous battions les Chinois. Il veut y arriver dans son mandat. Je suis donc en train d’ouvrir ce contrat. Je pense que nous verrons des entreprises comme Blue [Origin] s’impliquer, et peut-être d’autres. Nous allons organiser une course à l’espace en ce qui concerne les entreprises américaines en compétition pour voir qui peut réellement nous ramener sur la Lune en premier.

SpaceX est en retard mais Blue Origin n’est pas non plus très en avance. L’entreprise n’a, au moment où j’écris cet article, réalisé qu’un seul lancement de son lanceur New Glenn et on ne connaît pas très bien l’état d’avancement de son atterrisseur Blue Moon. Les dernières publications sont celles de photos en mai dernier de tests de son accessibilité par des astronautes avec une maquette en piscine et des vidéos publiées le 2 octobre des essais sur le moteur BE-7 qui doit équiper l’atterrisseur Blue Moon Mark 1, premier prototype plus petit destiné au transport de fret qui doit décoller pour un premier vol de démonstration « Pathfinder Mission » début 2026.

Lorsque Duffy affirme que “des entreprises comme Blue” pourraient s’impliquer dans ce nouveau contrat, il ne fait pas référence au contrat existant mais il semble faire un appel du pied pour une proposition de BO basée sur ces atterrisseurs Mk1 plus petits, ne nécessitant pas de ravitaillement en orbite terrestre.

Une maquette grandeur nature de l’atterrisseur lunaire Blue Origin Mk. 1 (crédit: Éric Berger)

D’autres entreprises spatiales pourraient également répondre à ce nouveau contrat. Lockheed Martin a déclaré avoir travaillé sur une solution sécurisée le retour d’humains sur la Lune rapidement.

La déclaration soudaine de Duffy laisse planer des incertitudes quant aux délais et au budget du nouveau contrat. De nouveaux financements devront être trouvés auprès du Congrès américain. Selon cette analyse de la NASA de 2017, un atterrisseur lunaire à coût majoré et à source unique coûterait entre 20 et 30 milliards de dollars, soit près de 10 fois ce que la NASA a attribué à SpaceX en 2021. Et la NASA aurait déjà versé à SpaceX 620 millions de dollars l’an dernier, et 220 millions de dollars depuis le début de l’année. Pour tout arrêter maintenant ?

En tout cas, cette déclaration a piqué au vif Elon Musk qui a fortement réagi suite à cette annonce.

« SpaceX avance à toute vitesse par rapport au reste de l’industrie spatiale. De plus, Starship effectuera toute la mission lunaire. Croyez-moi. »

Seuls les mois à venir nous feront voir si le Starship tient ses promesses et surtout les jalons demandés ou si un nouveau contrat émerge et quels seront les acteurs qui seront prêts à relever le défi d’un atterrissage d’humains à la surface de la Lune avant 2029, date attendue de celui du premier alunissage d’un équipage chinois.


Une des sources pour cet article : Why did NASA’s chief just shake up the agency’s plans to land on the Moon?

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