Le 7e vol d’essai du Starship : entre capture réussie du SuperHeavy et explosion du Ship
Ce 16 janvier, le 7e essai du Starship devait être très similaire au 5e et au 6e vol : une trajectoire suborbitale, une tentative de capture du booster SuperHeavy par les bras de la tour et un amerrissage du second étage « Ship ». Les différences devaient venir de l’utilisation d’un Ship version 2 avec de nombreuses améliorations.
SpaceX a réussi pour la seconde fois la capture du SuperHeavy par le système « Mechazilla » de la tour de lancement.
Le Starship a explosé peut de temps après au-dessus des Caraïbes.
Déroulé du vol
Après quelques jours de report, le décollage a eu lieu à 22h37 UTC.
Les 33 moteurs du SuperhHeavy, dont un qui a réutilisé du vol n° 5, se sont allumés comme attendu.
Le Hot Staging, la séparation à chaud des 2 étages, c’est-à-dire l’allumage des 3 moteurs du Starship avant la déconnexion, s’est correctement déroulé à 2.
Le SuperHeavy a ensuite entamé une descente vers le site de lancement pour une tentative de récupération. Un des 13 moteurs prévus pour le premier rallumage « boostback burn » n’a cependant pas fonctionné, et uniquement à ce moment-là.
SpaceX a réussi à refaire cette prouesse technologique de précision en rallumant dans les dernières secondes les 13 moteurs centraux du SuperHeavy pour le freiner et l’orienter vers la tour de lancement.
Après la séparation des étages, le Starship avait continué sa trajectoire. Mais rapidement, on voit la télémesure en bas à droite de l’écran du live indiquer la perte d’un premier moteur central à 141 km d’altitude à T0+7’40 ». Puis la perte successive d’un second moteur central et d’un moteur externe à T0+8’02 » à 144 km d’altitude.
À T0+8’18 », c’est l’extinction d’un second moteur externe et d’un 3e à T0+8’24″. Enfin la télémesure se fige à T0+8’26″.
Après quelques minutes, le présentateur indique qu’ils supposent que « le Ship a été perdu ».
Très rapidement des images circulent sur les réseaux sociaux de personnes filmant une « pluie d’étoiles filantes » au-dessus des Caraïbes. Ce sont en fait des débris d’un objet spatial qui traverse l’atmosphère.
Rapidement, il est fait le lien avec le vol du Starship qui se trouve sur une trajectoire vers les Caraïbes.
La vidéo de Pablo (@FlyerXT sur X) montre l’explosion du Ship vu depuis un bateau de croisière :
Le site de suivi des vols aériens montrait de nombreux avions obligés de déviés de leur trajectoire.
Une image issue d’un cockpit d’avion montre les débris :
La FAA, l’agence gouvernementale américaine chargée de la réglementation et du contrôle de l’aviation civile aux États-Unis, a donné des directives à plusieurs aéroports pour retarder ou détourner le trafic afin d’éviter les chutes de débris, qui semblaient être en dehors de la zone identifiée comme dangereuse avant le vol et interdite aux avions.
La FAA a demandé le 17 janvier à SpaceX de mener une enquête sur l’accident. « Aucun blessé public n’a été signalé et la FAA travaille avec SpaceX et les autorités compétentes pour confirmer les rapports de dommages aux biens publics sur les îles Turques-et-Caïques. Au cours de l’événement, la FAA a activé une zone de réponse aux débris et a brièvement ralenti les avions à l’extérieur de la zone où les débris des véhicules spatiaux tombaient ou a arrêté les avions à leur point de départ. Plusieurs avions ont demandé à se dérouter en raison de faibles niveaux de carburant alors qu’ils se tenaient à l’extérieur des zones touchées« .
Au-delà de l’anomalie en vol, beaucoup se posent la question de la sécurité des avions de ligne sur la trajectoire du Starship qui n’est actuellement pas un modèle de vol éprouvé et fiable.
Le Starship V2 moins fiable ?
Ce 7e vol d’essai avait comme spécificité l’utilisation du Starship dans sa version n° 2 (ou V2). La V2 emporte de nombreux changements par rapport à la précédente : Une hauteur totale du Starship un peu plus grande à 124 m, une masse d’emport de carburants dans le Ship augmentée de 300 tonnes (+25%), une avionique entièrement revue (ordinateurs de bord, centrales inertielles pour la détection les accélérations et rotations), de nouveaux viseurs d’étoiles (star trackers) pour le contrôle d’attitude, de nouvelles batteries très puissantes (nécessaire pour l’orientation des ailerons et des moteurs Raptor) [Pour le détails des évolutions, voir le site https://ringwatchers.com].
Les volets (flaps) avant du Ship sont devenus plus fins et sont légèrement déplacés vers le haut et éloignés du bouclier thermique, réduisant considérablement leur exposition au réchauffement de la rentrée atmosphérique tout en simplifiant les mécanismes sous-jacents et les tuiles de protection.
Cette version V2 est nécessaire à SpaceX pour améliorer sa capacité d’emport et pour le ravitaillement en vol.
À ce stade, il est difficile de savoir si ces nombreuses évolutions sont à l’origine de la fragilité du Ship ou s’il s’agit d’un défaut de fabrication.
Elon Musk a publié sur X une analyse préliminaire de l’anomalie rencontrée par le Ship : “L’indication préliminaire est que nous avons eu une fuite d’oxygène/carburant dans la cavité au-dessus du pare-feu des moteurs du Ship qui était suffisamment grande pour augmenter la pression au-delà de la capacité de ventilation. Hormis évidemment une double vérification des fuites, nous ajouterons la suppression des incendies à ce volume et augmenterons probablement la surface des évents. Rien jusqu’à présent ne suggère de pousser le prochain lancement au cours du mois prochain ”.
SpaceX souhaite réaliser 25 vols du Satrship en 2025. L’enjeu est important pour l’entreprise : être capable de démonter le ravitaillement en vol des Starship pour les missions lunaires Artemis et envoyer sur orbite des satellites Starlink V3, plus grands et massifs qui ne peuvent voler sur Falcon 9.
Et désormais un concurrent sur les lanceurs lourds a pointé son nez : New Glenn de Blue Origin.
Crédit Photos : John Krauss, Tylor Gray et Fabien Ramirez.
Revoir mon live sur le lancement :