L’actualité spatiale de la semaine du 7 novembre : Long March 11, Atlas 5 et Long March 2D
Trois lancements pour cette semaine spatiale, tous vers l’orbite basse, dont deux lancements chinois sur des lanceurs différents.
Long March 11, deuxième lancement réussi
Un peu plus d’un an après son premier lancement réussi, la Chine met de nouveau à l’épreuve son lanceur Long March 11 (CZ-11).
Le Mercredi 9 Novembre à 23h42 UTC (07h42 heure de Pékin), la Long March 11 s’est élancée depuis le Centre de lancement des satellites de Jiuquan (Nord-Ouest de la Chine) vers une orbite basse à 500 km d’altitude.
Le lanceur transportait le satellite XPNAV-1, développé tout comme la fusée par la China Aerospace Science and Technology Corporation. L’objectif est d’étudier les technologies de navigation basées sur les pulsars à rayons X (étoiles à neutrons), qui émettent des impulsions radios à des fréquences très précises (plus précises que nos meilleures horloges atomiques). Cette technique permettrait aux futurs véhicules de s’orienter de façon autonome dans l’espace (en utilisant le principe de la triangulation), sans avoir besoin de communiquer avec des stations terrestre.
La mission de XPNAV-1, premier satellite au monde dédié à cette problématique, servira donc à tester les détecteurs à rayons X dans un environnement spatial mais aussi à créer une première base de données (intensité et fréquence) de 26 pulsars proches.
Le lanceur embarquait également plusieurs CubeSats comme charge utiles secondaires. Xiaoxiang-1, au format 6U et d’une masse de 7,5 kg, conçu par l’Institut de Recherche Changsha Gaoxinqu Tianyi, servira de support pour le test d’un système de stabilisation pour de petits télescopes. Lishui-1, un autre CubeSat, participera à une constellation de nanosatellites d’observation de la Terre, à vocation commercial. Un CubeSat emportant une charge utile radio amateur (bandes VHF et UHF), dénommé CAS-2T, était également sous la coiffe du lanceur ce Mercredi.
Atlas 5, WorldView-4 et CubeSats
United Launch Alliance poursuit le déploiement de la constellation WorldView pour le compte de l’entreprsie DigitalGlobe.
Vendredi 11 Novembre à 18h30 UTC (10h30 heure locale), une Atlas 5 401 a décollé depuis la base de lancement Vandenberg de l’Air Force, en Californie, avec pour destination une orbite héliosynchrone à environ 600 km d’altitude. Le lancement, initialement prévu le 16 Septembre dernier, avait dû être repoussé après une panne au niveau du système d’approvisionnement au sol en hydrogène liquide, puis à la suite du déclenchement d’un feu de forêt sur la base dès le lendemain.
WorldView-4, fabriqué par Lockheed Martin, est un satellite d’observation de la Terre de type multispectral. Il permettra, avec les autres satellites de la constellation de DigitalGlobe (WorldView-1, GeoEye-1, WorldView-2 et WorldView-3), de fournir des images de très haute qualité (1,24 m de résolution), dans le visible et le proche infrarouge. L’ensemble de ces 5 satellite permet alors de fournir des images d’une même zone plusieurs fois par jour, avec des applications à la fois commerciales et gouvernementales.
Ce second lancement de la semaine transportait lui aussi une série de CubeSats. Tout d’abord, les AeroCube-8C et AeroCube-8D qui viendront se joindre aux AeroCube-8A et AeroCube-8B mis en orbite par le Boeing X37B en Mai 2015. Ces nanosatellites de 1,5U de l’Aerospace Corporation sont dédiés à la démonstration de systèmes de propulsions électriques. CELTEE, un CubeSat de l’Air Force, testera le transpondeur ELT développé par M42 Technologies. Un autre CubeSat de l’Air Force, U2U, devrait tester de nouvelles technologies liées au réseau de télécommunication Globalstar. Le laboratoire de Los Alamos profite également de ce lancement pour tester l’utilisation de nanosatellites pour le relais audio/vidéo/données entre deux points du globe (Prometheus). Pour finir, le RAVAN (Radiometer Assessment Using Vertically Aligned Nanotubes), un CubeSat 3U fabriqué par Blue Canyon Technologies pour le compte de la Johns Hopkins University, utilisera des nanotubes de carbone pour collecter les radiations émises et réfléchies par la Terre.
Long March 2D, mystérieux satellite météorologique
La semaine de lancements s’est achevée avec le tir d’une Long March 2D (CZ-2D) qui permet d’inaugurer une nouvelle constellation de satellites météorologiques chinoise. Ce lancement est le 18ème de l’année pour la Chine, qui prévoit d’en effectuer plusieurs autres dans le mois et demi à venir.
Second lancement ce Vendredi 11 Novembre à 23h14 UTC (07h14 heure locale) à nouveau depuis le Centre de lancement des satellites de Jiuquan, cette fois sur une orbite polaire à 700 km d’altitude.
La constellation a été développée par la Shanghai Academy of Spaceflight Technology (SAST) mais peu d’informations sont disponibles sur le satellite Yunhai-1. Selon les annonces relayées par les médias chinois, il devrait permettre d’accroître les capacités du pays pour l’observation atmosphérique et des environnements maritimes, et également participer à la prévention des désastres naturels ainsi qu’à d’autres expériences scientifiques.
Suite aux deux lancements réussis de XPNAV-1 et de Yunhai-1-01 (sans compter les cubesats lancés en tant que charges utiles secondaires de XPNAV-1) avec respectivement une CZ-11 et une CZ-2D, la Chine en est désormais à un total (depuis 1970) de 236 lancements réussis sur 253, soit un taux de fiabilité de 93,28 %.
Elle devrait normalement battre cette année son record de nombre annuel de lancements qui reste fixé à 19 depuis 6 ans : 19 en 2011 (dont un échec), en 2012 et en 2015.
Pour 2016, elle en est actuellement à 18 lancements dont un échec (celui du satellite radar militaire Gaofen-10 lancé par une CZ-4C depuis Taiyuan le 31 août 2016). Pour arriver à 20 lancements réussis, il lui faudrait donc encore en effectuer 3 d’ici la fin de l’année.
Merci pour les précisions, informations toujours aussi pertinantes et passionnantes !