Dragon V2 : Le système d’éjection d’urgence a bien fonctionné !
Vous connaissez tous maintenant SpaceX et son Dragon, le cargo de ravitaillement de l’ISS. La société d’Elon Musk développe actuellement une version modifiée de son vaisseau cargo afin de transporter sept astronautes dans l’espace. Cette version, pour le moment appelée Dragon V2, sera capable de s’amarrer automatiquement à la Station (contrairement à sa grande soeur qui est capturée par le bras robotique de la Station puis amarrée à celle-ci). Un astronaute à bord pourra également passer en mode manuel pour l’amarrage en cas de besoin.
Ce 6 mai, en Floride, a eu lieu un test du système d’éjection d’urgence du Dragon V2. Ce système a pour but de permettre d’éjecter la capsule loin du corps de la fusée lorsqu’un problème se produit sur le pas de tir qui pourrait mettre en danger la vie de l’équipage. Toutes les capsules habitées ont ce type de système, c’est l’équivalent d’un siège éjectable sur un avion de chasse.
Il s’agit la plupart du temps d’une grande tour, fixée au sommet de la capsule et qui contient des moteurs-fusée. En cas de problème, l’ensemble (la « tour » et la capsule) est désolidarisé du reste de la fusée et les moteurs-fusée transportent la capsule à l’écart avant d’être eux-même séparés de celle-ci.
Un tel système n’a été utilisé qu’une seule fois depuis le début des vols habités. C’était en 1983, une fusée Soyouz avait pris feu sur le pas de tir, les cosmonautes ont activé ce système 2 secondes avant que la fusée n’explose.
Pour le Dragon V2, ce système avec les propulseurs est directement intégré à la capsule. Il s’agit de huit moteurs-fusée SuperDraco qui sont à l’intérieur des parois de la Dragon V2. La poussée de ces moteurs est telle qu’ils sont capable de propulser la capsule à 100 mètres en deux secondes. Ce qui signifie que le vaisseau accélère de 0 à 160 km/h en une seconde ! Un mannequin placé à l’intérieur de la capsule a permis de collecter des données sur le nombre de G endurés et permettra d’évaluer si des astronautes pourront supporter cette charge.
Infographie du profil de vol du test d’éjection
Voici en vidéo le test (a priori réussi) de cet après-midi. Les deux vidéos n’ont pas les mêmes points de vue.
Vidéo de la NASA :
Vidéo de SpaceX :
Elon Musk a tenu une conférence de presse après le test en donnant, entre autres, les informations suivantes :
– Le Dragon est passé de 0 à 100km/h en 1.2 secondes
– Il a atteint la vitesse de 555km/h
– S’il y avait eu des astronautes à bord, ceux-ci auraient été en super forme
– Seuls quatre des huit moteurs-fusée ont besoin d’être allumés en temps normal pendant cette phase d’évacuation. (Mais ils ont allumé les 8 pour le test d’aujourd’hui)
SpaceX envisage d’effectuer son premier vol habité en 2017. D’ici là, de nombreux tests seront encore effectués, dont un test d’éjection en vol, ce sera la même chose qu’aujourd’hui, mais effectué à mi-chemin au cours d’un vol réel. SpaceX effectuera également un vol de test inhabité à destination de l’ISS, suivi par un second vol de test avec un équipage.
(sources : parabolicarc.com, spacex.com)
Max acceleration was 6X gravity, altitude 1187m, lateral distance 1202m and velocity 155 m/s. Main chutes deployed 970m.
— Elon Musk (@elonmusk) May 6, 2015
Avec une accélération de 6G, les astronautes auraient été tout à fait en mesure de supporter l’éjection. Altitude : 1187 mètres, distance latérale : 1202 mètres et vélocité 155m/s (558km/h). Les parachutes principaux se sont déployés à 970m d’altitude.
Mise à jour : les photos officielles de SpaceX
Article publié initialement sur le blog d’Anne Cap sur l’espace
— MAJ du 22 Mai 2015
SpaceX nous régale avec des caméras embarquées dans tous leurs appareils. Voici à quoi ressemblait le test du point de vue de la capsule Dragon V2 elle-même :
— Fin MAJ —
A noter que le « Dragon V2 » s’appelle désormais « Crew Dragon », ceci en partie, à mon avis, afin de ne pas faire allusion au V2 / A4 (Vergeltungswaffe Zwei / Aggregat Vier) de sinistre mémoire, conçu, entre autres, par un certain Wernher von Braun qui, ne l’oublions pas, faisait partie de la SS (qui, à cette époque, n’était pas la Sécurité Sociale !…) et qui, s’il était un bon aryen, n’en était pas pour autant un bon à rien !…
Le premier « vol habité » du « Crew Dragon » est prévu pour la fin avril 2017. Pour ce premier vol de 14 jours à bord de l’ISS, ils ne seront que deux astronautes à bord, un « commander » (commandant de bord) de la NASA et un pilote de SpaceX.
L’astronaute de la NASA sera l’un des quatre suivants : Robert Behnken (le mari de Karen Megan McArthur), Eric Boe, Douglas Hurley ou Sunita Williams.
Celui de SpaceX n’a pas encore été désigné. Je ne connais d’ailleurs toujours pas la liste officielle des astronautes de cette société. Je suppose qu’elle ne saurait tarder.
Idem pour Boeing avec son CST-100.
Idem pour SNC (Sierra Nevada Corp.) avec son Dream Chaser qui n’a pas été retenu par la NASA.
Idem pour Blue Origin avec son New Shepard (pour des vols suborbitaux), etc.
Le 26 septembre 1983, échec du lancement de Soyouz-T-10A.
Equipage : Vladimir Titov – Gennadi Strekalov.
« Doublures » : Leonid Kizim – Vladimir Solov’yov.
A cette époque, certains journalistes ont prétendu qu’il n’y avait pas 2 mais 3 cosmonautes à bord et que le 3e aurait été une « cosmonette », à savoir Irina Pronina (qui aurait ainsi été la 3e Russe, juste après Svetlana Savitskaya) mais ce fut une erreur. Ils prenaient leurs désirs pour des réalités… (un peu comme pour Vladimir Il’yushin – ou Iliouchine – en 1961 et toute la saga des prétendus « cosmonautes disparus »).
Il fut aussi question (dans VSD si mes souvenirs sont bons), au lieu d’Irina Pronina, d’un certain « Constantin Seoklistov », ce qui était bien entendu une confusion avec Konstantin P. Feoktistov qui, s’il était déjà assez âgé en 83 (et même déjà en 64…), avait bel et bien un moment été envisagé pour effectuer un 2e vol spatial, 19 ans après le premier (Voskhod-1). Il s’était durement entraîné – en vain – pour ce vol.
Ne pas oublier qu’il avait été fusillé par les Allemands mais s’en était sorti comme par miracle (comme l’un de mes oncles qui avait été pris comme otage en 44 alors qu’il n’avait que 16 ans… nos « meilleurs amis » depuis la fin de la 2e GM faisant à l’époque des stocks d’otages au cas où… – et il ne leur a pas tenu rancune mais plutôt à de « bons Français »…)
Ce second vol éventuel de Feoktistov n’est pas sans rappeler celui qui fut bien réalisé quelques années plus tard mais par un Américain, à savoir John H. Glenn.
Amitiés,
Michel