15 décembre 1970 : quand l’URSS pose Venera-7 sur la fournaise vénusienne et ouvre la voie à d’autres succès
La mission Venera-7 est devenue le 15 décembre 1970 la première sonde à atterrir avec succès sur une autre planète et à transmettre des données depuis la surface de Vénus.

Auparavant, les Soviétiques avaient échoué avec le premier atterrissage, Venera-3 (Vénus en russe), qui a percuté la surface de la planète le 1er mars 1966, ce qui en fait officiellement le premier vaisseau spatial à s’écraser sur une autre planète.
Venera-4, 5 et 6, en 1967 et 1969, réussissent à survivre dans l’atmosphère vénusienne respectivement 90 et 50 minutes, mesurant des niveaux très élevés de dioxyde de carbone dans l’atmosphère ainsi qu’une absence de champ magnétique. Comme prévu, elles ont succombé à la chaleur et à la pression intenses de la planète, empêchant un atterrissage en douceur.

La sonde Venera-7 a été lancée par l’URSS le 17 août 1970 à bord du lanceur Molniya depuis Baïkonour. Elle a parcouru 202 millions de km après corrections de trajectoire en 4 mois de vol avant d’arriver sur Vénus.

La sonde de 1 180 kg emportait une capsule dedescente de 495 kg en forme d’oeuf, cette fois-ci en titane et équipée pour résister à une pression atmosphérique 6 fois supérieure à celle calculée pour les sondes Venera-5 et Venera-6. La capsule est équipée d’un parachute réduit à 2,4 m² en phase finale pour limiter l’exposition à la chaleur. Il n’y avait pas d’instruments complexes à bord sauf un thermomètre et un baromètre.


Pour Venera-7, l’atterrissage se déroule à environ 61 km/h en raison de la déchirure de son parachute, la faisant tomber plus vite que prévu pendant près de 30 minutes. Initialement considérée comme un échec, Venera 7 a réussi à transmettre des données significatives pendant une courte période. La sonde a fonctionné 23 minutes, et a permis d’enregistrer une température extrême de 465 °C à la surface de Vénus. Bien que le capteur de pression de la sonde soit tombé en panne pendant la descente, les chercheurs ont pu utiliser ses mesures pour estimer une pression de surface d’environ 92 bars[soit l’équivalent de 900 m d’eau sur votre tête].
Aucune image n’a été prise par Venera-7, limitée à des mesures basiques, mais des photos de reconstitutions ou schémas d’époque montrent l’atterrisseur sphérique blanc avec des antennes.
Venera 8, la sœur jumelle de Venera-7 [les Soviétiques construisaient généralement 2 modèles identiques à l’époque], est aussi un succès avec un atterrissage le 22 juillet 1972, confirmant les mesures de températures et de pression de surface.

Les premières vraies images de la surface de Venus datent de la mission Venera-9, nouvelle évolution de la série, qui a atterri le 22 octobre 1975 et a fonctionné 53 minutes malgré des températures de 485 °C et une pression de 90 atmosphères.

Un problème technique a empêché l’ouverture d’un capot de caméra, limitant le panorama à 180 degrés, révélant un paysage rocheux avec des pierres anguleuses de 30-40 cm partiellement enfouies dans le sol.

Le programme Venera, mené par l’Union soviétique de 1961 à 1983 était ambitieux et révolutionnaire pour l’époque. Sur 16 missions répertoriées, 13 ont réussi à pénétrer l’atmosphère vénusienne, et 10 ont atterri avec succès sur la surface :
- Venera 1 (1961) : Perte contact en route.
- Venera 2 (1965) : Survol réussi mais panne avant données.
- Venera 3 (1966) : Premier impact planétaire, mais silence radio.
- Venera 4 (1967) : Premières données sur l’atmosphère haute.
- Venera 5 et 6 (1969) : Analyses profondes de l’atmosphère avant écrasement.
- Venera 7 (1970) : Premier atterrissage réussi, 23 min de données.
- Venera 8 (1972) : Mesures de surface, isotopes radioactifs.
- Venera 9 et 10 (1975) : Premières images orbiteur/atterrisseur.
- Venera 11 et 12 (1978) : Composition chimique basse atmosphère.
- Venera 13 et 14 (1982) : Images couleur, analyse sol (127 et 57 min).
- Venera 15 et 16 (1983) : Cartographie radar orbite haute.
Les Soviétiques ont entre-temps connu des échecs, les sondes restant sous l’appellation Kosmos. C’est le cas par exmple de Kosmos-482, qui est restée en orbite terrestre suite à un souci lanceur, et qui a fait la une de l’actualité en mai dernier avec sa rentrée atmosphérique terrestre. Ils se posent une dernière fois sur Vénus en 1985 avec les sondes Vega-1 et Vega-2.
Venera-D (D pour Dolgozhivushaya ou « longue durée ») est un projet dans les cartons de la Russie depuis plus de 20 ans. A fin 2025, la revue de conception préliminaire serait prévue pour janvier 2026 et son lancement serait pour 2036.

À ce jour, aucun autre pays n’a réussi à atterrir sur Vénus.

Pour compléter : https://air-cosmos.com/article/il-y-a-45-ans-les-sondes-venera-9-et-10-dvoilaient-la-surface-vnusienne-23787 et https://www.kosmonavtika.com/satellites/venus/hist/hist.html
Image de couverture : Image de synthèse de la surface de Vénus par NASA/JPL et la capsule Venera-7 via Russianspaceweb

