SIRIUS 19 : une simulation lunaire mixte
La simulation Sirius-19, pour Scientific International Research in Unique Terrestrial Station (Recherche scientifique internationale dans une station terrestre unique) a débuté le 19 mars à l’Institut des problèmes biomédicaux de l’Académie des sciences de Russie (IBMP) à Moscou. Elle s’est terminée après 4 mois d’isolement le 17 juillet dernier.
Un équipage russo-américain mixte
L’expérience était menée sous le commandement du cosmonaute russe Evgeny Tarelkin qui a effectué une mission spatiale à bord de l’ISS en 2012 (Expedition 33/34 avec un certain Oleg Novitskyi, coéquipier de Thomas Pesquet).
Il était accompagné des Russes Daria Zhidova (ingénieure chez Energia), Anastasia Stepanova et Stephania Fedeye (respectivement chercheuse et psychiatre à l’IMBP) et des Américains Reinhold Povilaitis (analyste des recherches et des opérations de la mission Lunar Reconnaissance Orbiter de la NASA) et Allen Mirkadyrov (ingénieur au Goddard Space Flight Center de la NASA).
L’équipage a déjà une expérience des situations d’isolement : vol spatial pour Tarelkin, mission HI-SEAS III de 8 mois de 2014 à 2015 pour Mirkadyrov, HERA XIV (Human Exploration Research Analog) pour Povilaitis, Mars 160 de la Mars Society pour Stepanova.
Etudier l’effet de l’isolement sur de longues durées
La simulation a pour but d’étudier les effets de l’isolement et du confinement, l’un des principaux dangers des vols spatiaux habités, pour permettre de réduire les risques et d’assurer la sécurité des astronautes pour les futures missions lunaires. Les communications avec la Terre ont été retardées de cinq minutes dans chaque direction pour respecter la distance Terre-Lune.
Après trois jours de « voyage », l’équipage est entré en orbite lunaire et leur petite capsule sera finalement amarrée le 10ème jour. Les «cosmonautes» se sont installés dans la totalité de la « station », le NEK (Наземный экспериментальный комплекс, ou complexe expérimental au sol), un habitat modulaire hérité de l’expérience Mars 500.
Au cours de leur séjour sur la « station lunaire orbitale », les cosmonautes devaient effectuer plus de 70 expériences. Ils devaient tester des méthodes d’entraînement plus efficaces pour les astronautes, destinées à contrecarrer la réduction de la masse musculaire et osseuse, ainsi que les troubles du système cardiovasculaire et les risques pour la santé psychologique des missions spatiales.
Des contrôles quotidiens de santé et de condition physique ont été réalisés sur les 6 cosmonautes pour vérifier notamment s’ils dorment assez et contrôler leur désynchronisation circadienne. Des études ont été faites pour voir comment les équipages participant à des missions de longue durée peuvent éliminer ou prévenir la contamination bactérienne, évitant ainsi les risques d’infection et de détérioration des équipements techniques.
Tous les 30 jours, un cargo spatial a livré de la nourriture et des produits consommables à la « station lunaire orbitale ».
Scénario de la simulation :
- Vol et amarrage à la station orbitale lunaire : 3 + 7 jours.
- Phase orbitale. Observation et sélection du site de débarquement et réception des cargos de ravitaillement : 7 semaines.
- Atterrissage et opérations au sol : 10 jours.
- Départ de la Lune et accostage avec le vaisseau orbital. Procédures d’assainissement : 7 + 3 jours.
- Orbite lunaire. Télécommande des rovers lunaires et réception des cargos de ravitaillement : 4 semaines.
- Retour sur Terre : 7 + 3 jours.
Au milieu de l’étude d’isolement de SIRIUS, quatre cosmonautes ont « atterri sur la surface lunaire dans une petite capsule ». Une fois sur place, ils ont effectué plusieurs « marches sur la Lune » tout en portant des combinaisons spatiales et collecté des échantillons.
Les missions analogues sont essentielles pour préparer les missions longues vers la Lune et Mars pour mieux comprendre l’adaptation du corps et de l’esprit aux missions de plus en plus longues des missions spatiales avec des équipages de pays et de cultures différents. Cela permettra de mieux sélectionner à terme les équipages, notamment d’un point de vue psychologique.
SIRIUS-20 prévue en 2020 devrait durer 8 mois.
En savoir plus : le site de l’IMBP
Yevgeniy Igorevich Tarelkin, cosmonaute du groupe TsPK-13 (du 29.05.2003 au 01.06.2015), est né le 29.12.1974 à Pervomaysky, dans l’oblast de Tchita.
Dariya Alekseyevna Zhidova est née le 06.12.1989 à Tomsk.
Anastasiya Alekseyevna Stepanova est née le 09.03.1986 à Tashkent, Ouzbékistan, mais est russe.
Stefania Olegnova Fedyay est née le 19.04.1990 à Bishkek, Kirghizistan, mais est russe.
Reinhold Zachariah Povilaitis est né le 22.03.1988 (je ne sais pas où).
Allen Tarlanovich Mirkadyrov est né le 05.05.1979 à Bakou, Azerbaïdjan, mais ses parents ont émigré en Californie vers 1990.
Dariya A. Zhidova et Anastasiya A. Stepanova furent candidates cosmonautes pour le groupe 2018 de Roskosmos, constitué le 10 août 2018.
A noter que, parmi les candidats à cette mission SIRIUS-19, il y avait Yevgeniy Valer’yevich Prokop’yev qui a été sélectionné dans le groupe 2018 de Roskosmos. C’est le frère de Sergei, lui-même cosmonaute (groupe TsPK-15, sélectionné le 12.10.2010).
Si je ne connais pas la composition des équipages des missions SIRIUS-1, 2, 3… 16, c’est tout simplement parce que ces missions n’ont jamais eu lieu !
SIRIUS-17 a eu lieu en 2017, SIRIUS-18 en 2018, SIRIUS-19 en 2019 et SIRIUS-20 aura lieu en 2020.
Ces missions font suite à MARS-500 (en 2010-11) et à LUNA-2015 (en 2015), entre autres vols simulés.
SIRIUS-17, du 7 au 24 novembre 2017, avait pour équipage Mark V. Serov, Anna Yu. Kikina, Viktor Fetter (Allemand), Il’ya V. Rukavishnikov, Elena S. Luchitskaya et Natal’ya Yu. Lysova.
Les doublures en étaient Oleg G. Ivanov, Polina G. Kuznetsova et Aleksandr E. Smoleyevskiy.
SIRIUS-18, du 4 au 6 décembre 2018 (3 jours seulement) fut un test préparatoire à SIRIUS-19, d’où la désignation de SIRIUS-18/19.
Cette mission avait pour équipage Yevgeniy I. Tarelkin, Maksim M. Belotskiy, Anna R. Kussmaul, Aleksandr E. Smoleyevskiy et Elena S. Luchitskaya.
Pour SIRIUS-18 et 19, les doublures étaient Polina G. Kuznetsova (déjà doublure pour SIRIUS-17) et Daniil A. Dubar’ (Biélorusse).
Il y avait également 14 autres candidats parmi lesquels Yevgeniy V. Prokop’yev. Tous n’étaient pas Russes car il y avait un Indien, un Turc, une Canadienne (d’origine roumaine), Andreea L. Radulescu, et un Australien.
Mark V. Serov, Anna Yu. Kikina, Yevgeniy I. Tarelkin et Yevgeniy V. Prokop’yev ont été sélectionnés en tant que cosmonautes. Seuls Anna Yu. Kikina et Yevgeniy V. Prokop’yev sont actuellement en activité (même si Yevgeniy I. Tarelkin vient de participer à cette mission).
Mark V. Serov (le mari de Yelena O. Serova, née Kuznetsova) avait dû démissionner du corps des cosmonautes le 28 janvier 2011 pour raison médicale avant d’être affecté à une mission. Il est l’un des ingénieurs chargés de la mise au point du futur vaisseau spatial Federatsiya.
Anna Yu. Kikina devrait être la 5e Russe (seulement !…) à aller dans l’espace. Reste à savoir quand.
Maksim M. Belotskiy, Natal’ya Yu. Lysova, Anastasiya A. Stepanova et Dar’ya A. Zhidova furent candidats pour la sélection 2018 de Roskosmos. Andreea L. Radulescu fut candidate pour le groupe CSA-4 en 2016. Je suppose que la plupart des autres, sinon tous, furent également candidats cosmonautes.
Les communications auront une latence de 5 min avec la lopg ?
Les délais de communication entre la Terre et la Lune sont en moyenne 1,3 secondes aller, ou 2,5 secondes aller-retour.
Ping : La NASA recherche des volontaires, payés pour être confinés huit mois dans un laboratoire