La Long March 6A génère-t-elle des débris spatiaux à chaque lancement ?
Une Long March 6A (Chang Zheng-6A) a décollé récemment le 6 août depuis le centre de lancement de Taiyuan en Chine. Il s’agissait de placer sur orbite basse les 18 premiers satellites de la constellation Internet Qianfan ou G60 [article sur les constellations à venir].
Ce qui préoccupe les observateurs à ce jour, ce sont les débris spatiaux détectés en orbite basse à environ 800 km d’altitude. La première alerte vient de l’entreprise Slingshot Aerospace de surveillance de l’espace ou SSA (Space Situational Awareness) qui a détecté le 8 août une cinquantaine de débris.
Leur moyen optique a détecté des objets brillants inattendus sur la trajectoire de l’étage supérieur de lanceur et des satellites G60 déployés.
L’U.S. Space Forces Space (S4S) qui traque les objets spatiaux et qui a le plus grand catalogue au monde (Space-track.org), a confirmé également avoir détecté plus de 300 débris liés à ce lancement. Selon S4S, la génération de ces débris se serait probablement produite le 7 août à 15 h 48 UTC.
L’entreprise suisse S2a Systems a également détecté des débris avec ses capteurs optiques.
L’entreprise LeoLabs a également enregistré avec son radar environ 700 débris, et peut être jusqu’à 900. Pour elle, l’évènement a eu lieu vers 20h10 UTC le 6 août.
Malgré de nombreux capteurs autour du globe, les entreprises de SSA n’ont pas encore la possibilité de déterminer avec exactitude le moment de la génération des débris ni le nombre exact de ces débris dans les heures suivant l’évènement. Ces débris sont d’au moins 10 centimètres de long pour être détectés. Des centaines de milliers de fragments d’une taille aussi petite qu’un millimètre ont probablement été générés également.
Des débris avaient aussi été observés lors des lancements précédents du lanceur à 3 étages CZ-6A, comme celui du 4 juillet.
Dès le second lancement du lanceur, le 11 novembre 2022, des débris avaient déjà été répertoriés. 5 mois après, 94% des 623 débris catalogués restaient sur orbite entre 600 km et 1 000 km d’altitude, avec une dispersion entre environ 300 km à 1 600 km d’altitude. La NASA publiait en mars 2023 que « Cette sévérité souligne l’importance de minimiser la probabilité d’explosions accidentelles associées aux étages supérieurs et engins spatiaux et à limiter la génération de nouveaux débris de fragmentation« .
La génération de plusieurs centaines de débris sur l’orbite basse à 800 km d’altitude présente un risque sérieux pour tous les satellites à cette altitude et en dessous lorsqu’ils vont commencer à se désorbiter. Mais surtout ces objets spatiaux non contrôlés peuvent rester en orbite pendant des décennies car il n’y a pas assez de traînée atmosphérique à cette altitude.
Il n’y a actuellement aucune déclaration officielle du constructeur du lanceur, l’Académie publique de technologie des vols spatiaux de Shanghai (SAST).
Mise à jour 14/08/2024 : Enfin une réponse officielle
La Chine a pris les mesures nécessaires et surveille de près les zones orbitales concernées et effectue des analyses de données. En tant que grand pays responsable, la Chine attache une grande importance à la réduction des débris spatiaux. [Source]
Il faut espérer que les lancements futurs de la constellation G60 qui prévoit d’envoyer 648 satellites d’ici 2025 se feront sans de nouveaux débris car l’orbite va devenir encombrée.
Source additionnelle : Space news
Image de couverture : seconde image optique de Slingshot