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Jared Isaacman, nouvel administrateur de la NASA : ce qui peut changer

Le 17 décembre, le Sénat américain a confirmé Jared Isaacman comme 15e administrateur de la NASA.

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Arrivée de Jared Isaacman à la NASA le 18/12/2025 (crédit NASA/Bill Ingalls)

Il avait été nommé une première fois comme candidat par le Président Trump en janvier 2025, avant de retirer sa candidature en mai, puis l’avoir rétabli en novembre. Entre temps, c’est Sean Duffy, secrétaire aux Transports qui était administrateur par intérim de la NASA.

Jared Isaacman a eu le soutien de nombreux sénateurs, à la fois côté Républicains que Démocrates. Sa nomination a été applaudie par de nombreuses entreprises spatiales américaines.

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Jared Isaacman prête serment devant ses parents le 18/12/2025 (crédit NASA/Bill Ingalls)

Jared Isaacman a 42 ans et est un entrepreneur milliardaire. Il a démissionné de son poste de PDG de Shift4 lors de sa première nomination. Il est surtout connu dans le spatial pour avoir financé les 2 missions privée Inspiration4 et Polaris Dawn pour lesquelles il était le commandant. Il a cumulé un peu plus de 7 jours dans l’espace. Il a effectué la première sortie extravéhiculaire privée lors de la deuxième mission. Il est également pilote de plusieurs types d’avions de chasse.

First day in space!
Jared Isaacman dans la coupole du Crew Dragon (crédit Inspiration 4/SpaceX)

Jared Isaacman prend le poste dans un contexte tendu au sein de la NASA. La NASA fait face à des réductions de personnel suite au programme DOGE avec environ 4 000 départs sur les 17 500 employés de l’agence. Il y a eu par exemple des fermetures et des réductions de bâtiments au Goddard Space Flight Center dans le Maryland.

Evolution des effectifs des fonctionnaires de la NASA au cours des années (crédit The Planetary Society)

Le budget de la NASA est encore en discussion au sein du Sénat américain. A ce jour, il est prévu une réduction globale du budget de la NASA de 24,3 %, dont – 47 % pour la science. Le programme Artemis est en difficulté en terme de planning et est décrié par rapport au coût exhorbitant du SLS et des retards du HLS (Human Landing System) avec les retards du Starship.

Proposition de budget de la NASA en mai 2025, largement à la baisse, revenu aux niveaux observés pour la dernière fois en 1961, après correction de l’inflation (crédit The Planetary Society)

Pendant la première phase de sa candidature, Jared Isaacman a rédigé le Projet Athena, qui a fuité dans la presse à l’été. Cela a soulevé des questionnements sur sa vision des objectifs de la NASA. Dans une réponse sur X, il a précisé quelques point de ce projet Athena « qui est amené à évoluer » :

  • Réorganisation de la NASA avec notamment la libération du budget de la NASA des infrastructures obsolètes et vétustes
  • Envoyer davantage d’astronautes dans l’espace plus fréquemment, notamment en relançant les programmes de spécialistes de charge utile afin d’offrir au personnel de la NASA des opportunités d’exploration spatiale, en particulier celles qui pourraient stimuler l’économie orbitale.
  • Mettre en place une architecture lunaire abordable et reproductible permettant des missions fréquentes. Une fois cette base établie, il faut réorienter les ressources vers des projets quasi impossibles, délaissés par d’autres, tels que la propulsion nucléaire électrique pour un transport efficace de masse, le refroidissement actif des ergols cryogéniques, l’alimentation électrique de surface, et même d’éventuelles applications pour le département de la Défense.
  • Maximiser la durée de vie restante de l’ISS et développer une économie orbitale viable.
  • Étendre l’approche du CLPS [le programme de commercialisation des missions lunaires] à l’ensemble des sciences planétaires afin d’accélérer les découvertes et de réduire les délais de publication des résultats scientifiques… mieux vaut dix missions de 100 millions de dollars chacune, même si quelques-unes échouent, qu’une seule mission de plus d’un milliard de dollars, coûteuse et en retard.

L’arrêt de la Gateway ne serait pas envisagé mais conservera-t-elle l’architecture actuelle ? Il y aurait la possibilité de lancer le vaisseau Orion sur plusieurs plateformes afin de répondre aux besoins de diverses missions futures.

Dans le projet, il parle de la réorientation de certaines activités scientifiques vers des entreprises commerciales, avec une proposition de « science-as-a-service » via des constellations privées.

Jared Isaacman a une vision très entrepreneuriale de l’activité spatiale. Sous son administration, les contrats comme ceux du CLPS [Commercial Lunar Payload Services, programme de la NASA qui finance des atterrisseurs lunaires commerciaux pour livrer des charges utiles scientifiques et technologiques sur la Lune], vont très certainement être plus nombreux et pour des secteurs du spatial comme l’imagerie par satellite et certaines missions scientifiques.

Un nouvel engagement pour la supériorité spatiale américaine

Rapidement après l’arrivée d’Isaacman à la tête de la NASA, le président Donald Trump a signé le 18 décembre 2025 l’ordre exécutif « Ensuring American Space Superiority » qui définit une politique spatiale ambitieuse pour affirmer la suprématie américaine dans l’espace, en couvrant l’exploration, la sécurité, l’économie commerciale et les innovations technologiques. Ce document abroge l’ordre exécutif précédent de 2021 sur le National Space Council et fixe des objectifs concrets avec des délais précis. Il met l’accent sur une approche « America First » pour stimuler l’innovation privée et la défense nationale.​

L’ordre priorise quatre domaines :

  • Leadership en exploration spatiale : retour sur la Lune en 2028 grâce au programme Artemis et établissement “des premiers éléments” d’un avant-poste permanent d’ici 2030
  • Sécurisation des intérêts nationaux : détection et contre-mesures aux menaces de l’orbite basse à cislunaire (y compris armes nucléaires), défense antimissile « Golden Dome » d’ici 2028
  • Croissance économique commerciale : 50 milliards de dollars d’investissements supplémentaires d’ici 2028, remplacement de l’ISS par des stations privées en 2030
  • Avancées technologiques : réacteurs nucléaires lunaires et orbitaux d’ici 2030, la mise en place de capacités spatiales de nouvelle génération pour de meilleurs services de positionnement, de navigation et de chronométrage pour l’agriculture de précision, des prévisions météorologiques plus précises pour des voyages aériens sûrs et prévisibles, et des communications omniprésentes par satellite pour un accès Internet haut débit mondial, la gestion du trafic spatial​.

L’Assistant to the President for Science and Technology (APST), actuellement poste tenu par Michael Kratsios, doit coordonner l’exécution de cet ordre avec des délais serrés : guidance sur l’énergie nucléaire spatiale en 60 jours, revues d’acquisitions en 90 jours, réformes d’acquisition en 180 jours et revoir le plan de la NASA en 90 jours. Notamment, l’APST doit « identifier les programmes qui ont plus de 30 % de retard par rapport au calendrier basé sur la base d’acquisition du programme, 30 % de dépassement de coût basé sur la base de référence du programme, incapables de répondre à des paramètres de performance clés, ou non alignés sur les priorités de cet ordre« .

Les agences ou ministère comme la NASA, le Commerce et la Défense doivent prioriser les solutions commerciales, accélérer les achats et intégrer les alliés. Des révisions de politiques existantes, comme la Space Transportation Policy, sont prévues pour soutenir ces priorités.​

L’Executive Order « Ensuring American Space Superiority » est complété par une Fact Sheet, soulignant les réalisations passées comme la création de la Space Force et les directives antérieures. La Fact Sheet met en avant les bénéfices économiques, comme des emplois en aérospatial et des innovations dérivées (mousse à mémoire de forme, outils sans fil), face aux défis des adversaires.​

La première priorité rappelle que les États-Unis sont bien désormais dans une nouvelle course à la Lune face aux Chinois. La seconde rappelle l’enjeu de bien connaître l’espace notamment dans un contexte de militarisation accrue.

Les développements technologiques de la NASA sont avant-tout dédiés au profit des Américains.

L’Executive Order mentionne que « l’administrateur de la NASA, en coordination avec le secrétaire d’État et l’APST, veillera à ce que les accords internationaux de coopération spatiale civile impliquant la NASA soutiennent les priorités politiques du présent arrêté, notamment en initiant de nouveaux accords et en modifiant ou en mettant fin aux accords existants, le cas échéant et conformément aux autorités et obligations légales existantes« . Des accords avec les autres agences spatiales pourraient donc être revus voire remis en questions.

Sous l’impulsion du nouvel administrateur et de la présidence Trump, les changements à venir à la NASA et plus généralement de la politique spatiale américaine risquent d’être très nombreux.


Source principale : https://spacepolicyonline.com

Photo de couverture : portrait officiel du 15e administrateur de la NASA (crédit NASA/Bill Ingalls)

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