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Dixième essai du Starship : des progrès tangibles vers le premier vol orbital

Après 2 reports de tir, le Starship a décollé ce mardi 26 août à 23h30 UTC. Ce 10e vol d’essai suborbital a tenu ses objectifs : rentrée contrôlée pour le SuperHeavy sur le Golfe du Mexique, déploiement de satellites factices et rentrée contrôlée du Ship sur l’Océan Indien. Une réussite pour SpaceX après les 2 précédents vols ratés et l’explosion au sol d’un Ship lors d’un essai statique en juin.

Ce mardi soir, pas de problème de moyens sols pour l’alimentation en oxygène liquide ou de météo trop nuageuse pour le décollage dans l’ouverture de la fenêtre de lancement.

Le Booster 16 a décollé nominalement avec ses 33 moteurs. Cependant, à T+ 1 minute et 33 secondes, un peu après maxQ, la pression aérodynamique maximum, l’un des moteurs Raptor du milieu du SuperHeavy a été mis hors service. Cela ne semble avoir eu aucune incidence sur le vol.

La séparation à chaud s’est déroulée nominalement par la suite. Les 6 moteurs Raptors de l’étage supérieur, le Ship, se sont allumés comme prévu.

La rentrée atmosphérique du SuperHeavy s’est passée, elle aussi comme attendue, même si le moteur éteint pendant l’ascension ne s’est pas rallumé. Le booster est passé au nouveau profil “21” : deux Raptors centraux actifs, avec un moteur de l’anneau en complément, avant de repasser seulement aux deux Raptors centraux. Cela a ralenti correctement le booster jusqu’à un vol stationnaire à environ 150 m au-dessus de l’eau. Puis les moteurs ont été coupés, et le booster a chuté dans le Golfe du Mexique et a explosé.

Du côté du Ship, l’arrêt des moteurs en orbite (SECO, Second Engine Cutoff) s’est bien passé avec un bon contrôle d’attitude. Lors des précédents vols, SECO avait été atteint mais le contrôle d’attitude était tout de suite perdu.

À T+18 minutes, la porte de la soute à charges utiles s’est ouverte, et les 8 maquettes de satellites Starlink (dites “boilerplates”) ont été éjectées avec succès. C’est la première fois que Starship déploie ses charges utiles. Et la porte s’est refermée, contrairement au vol 3 où la porte avait été ouverte mais n’avait pu être refermée.

Vers T+37 minutes de vol, un Raptor non optimisé pour l’espace (« de niveau de la mer ») a été rallumé en orbite, prouvant que la version 2 du Ship peut redémarrer ses moteurs dans l’espace, l’objectif étant de démontrer qu’il peut effectuer une orbite complète et une désorbitation.

La rentrée atmosphérique a commencé ensuite avec un bon contrôle d’attitude mais avec un incident dans le compartiment moteur à T+47 minutes. Il ne semble pas avoir entraîné d’anomalie au niveau des moteurs Raptor.

Pendant la descente, une dérive arrière (flap) a toutefois chauffé un peu trop.

La rentrée a été très « chaude », mais le Ship 37 a traversé l’atmosphère, réussissant à faire le « belly flop » (chute ventrale). Les Raptors se rallumant correctement, le vaisseau a fait sa rotation pour passer en position verticale, et a effectué un amerrissage contrôlé dans l’Océan Indien.

Dans les dernières images capturées par la caméra-bouée, on peut voir le Starship orange. Cela est certainement dû à l’oxydation de l’acier inoxydable pendant la rentrée atmosphérique.

L’équipe de SpaceX doit être ravie d’avoir de nouvelles données, notamment celles de la première rentrée atmosphérique d’un Ship V2. La version 2 de l’étage supérieur du Starship emporte de nombreux changements par rapport à la précédente : une masse d’emport de carburants dans le Ship augmentée de 300 tonnes (+25%), une avionique entièrement revue (ordinateurs de bord, centrales inertielles pour la détection les accélérations et rotations), de nouveaux viseurs d’étoiles (star trackers) pour le contrôle d’attitude, de nouvelles batteries très puissantes (nécessaire pour l’orientation des ailerons et des moteurs Raptor). Les volets (flaps) avant du Ship sont devenus plus fins et sont légèrement déplacés vers le haut et éloignés du bouclier thermique, réduisant considérablement leur exposition au réchauffement de la rentrée atmosphérique.

Pour ce vol, SpaceX a testé différentes solutions pour le revêtement thermique à différents endroits. Comme pour la Navette Spatiale (Shuttle), la protection thermique pour la rentrée atmosphérique depuis l’orbite reste l’un des gros challenges de la conception du Starship.

Après le bouclier thermique, l’un des prochains grands objectifs de test du programme Starship sera le ravitaillement en orbite. Il s’agit d’une condition préalable cruciale pour tout vol Starship voyageant dans l’espace lointain. La NASA et le programme Artemis attendent le Starship comme atterrisseur lunaire pour les missions Artemis 3 et 4. Pour SpaceX, Starship est essentiel pour déployer la nouvelle génération de satellites Starlink V3. Et n’oublions pas les objectifs (irréalistes ?) d’Elon Musk : tenter un lancement vers Mars en 2026 avec Starship.

Crédits image de couverture : Andrew McCarthy et SpaceX

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