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ISS, CSS & vols habités en orbite basse

SpaceX : succès pour CRS-17 mais les difficultés se succèdent pour la Crew Dragon

Un nouveau cargo de ravitaillement comme à la parade

Lundi 6 mai, le cargo Dragon CRS-17 est bien arrivé à l’ISS.

The SpaceX Dragon above the coast of Mozambique

Approche du cargo Dragon CRS-17 de l’ISS au-dessus de la côte du Mozambique (credit NASA)

Il avait décollé le samedi 4 mai à bord d’une Falcon 9 [lire Actualités spatiales du 29 avril au 5 mai : panne à l’ISS, Long March, New Shepard, Momo, Falcon 9 et Electron]

Après 2 jours de voyage, il a été capturé par le bras robotique de la Station piloté par les astronautes David Saint-Jacques et Nick Hague.

The Canadarm2 robotic arm reaches out to grapple the SpaceX Dragon

Le bras robotique Canadarm 2 sur le point de capturer le Dragon CRS-17 le 6 mai (credit NASA)

L’amarrage au port Harmony du segment américain a été effectué ensuite par le bras piloté depuis le centre de mission de la NASA à Houston.

The SpaceX Dragon is installed to the Harmony module

Amarrage du cargo Dragon CRS-17 le 06/05/2019 (credit NASA)

Six vaisseaux spatiaux sont maintenant amarrés à la Station Spatiale Internationale.

Les cargos ou vaisseaux amarrés à l’ISS après l’arrivée du cargo CRS-17 le 6/05/2019 (credit Orbital Velocity)

Beaucoup d’expériences pour l’ISS

Comme à chaque ravitaillement de cargos, en complément du matériel pour la maintenance de l’ISS et des affaires pour l’équipage (eau, nourriture fraîche, vêtements, etc…), de nombreuses expériences étaient à bord du cargo.

Rapidement, l’équipage a dû s’occuper des expériences critiques : des échantillons biologiques frais, tels que des cellules rénales, qui sont stockés dans des congélateurs et des incubateurs pour une analyse ultérieure, de nouvelles souris de laboratoire pour les recherches sur les changements du système immunitaire en microgravité.

L’astronaute Christina Koch en plein déchargement du cargo CRS-17 (via son Twitter)

Dans la partie pressurisée du cargo, il y avait aussi (liste non exhaustive) :

  • Photobioreactor (PBR), une expérience développée par l’université de Stuttgart et construit par Airbus pour l’agence spatiale allemande, le DLR.
Infographie sur l’expérience Photobioreactor (PBR) (credit Airbus)

Les systèmes de support de la vie actuels dans l’espace utilisent des processus physicochimiques pour générer de l’oxygène et de l’eau et éliminer le dioxyde de carbone de la Station Spatiale. Cette nouvelle expérience vise à utiliser des processus biologiques avec la culture de micro-algues pour l’alimentation des astronautes et pour générer de l’oxygène et consommer du dioxyde de carbone. Un paramètre essentiel pour assurer la réussite des missions longue durée vers la Lune ou Mars sera de limiter au strict minimum les quantités de ressources emportées. La microalgue Chlorella vulgaris, d’ores et déjà largement utilisée dans l’alimentation et les compléments alimentaires, a été sélectionnée comme agent photosynthétique pour sa grande richesse en protéines. Ces petits organismes aquatiques dans le réacteur utilisent le principe de la photosynthèse pour la production d’oxygène, n’exigeant pour cela que de la lumière et une solution nutritive. À l’avenir, près de 30 % de la nourriture des astronautes pourraient être remplacés par cette biomasse algale [d’autres détails dans le communiqué d’Airbus]

  • Hermes est une installation de microgravité pour la recherche sur les régolithes (la couche de matériau recouvrant la surface des corps sans atmosphère tels que comètes et astéroïdes) afin de répondre à plusieurs questions : Quelle est la meilleure façon de récolter cette matière? Comment atterrir ? Comment exploiter in situ les matériaux ? Lors des missions de retour d’échantillons, lors de l’examen matériel recueilli à partir de la surface, est-ce représentatif ?
Expérience Hermes avant installation à bord de l’ISS (credit NASA/Johnson Space Center)
  • Tissue Chip “, ou puces tissulaires, ou organes sur puces, sont de petits dispositifs contenant des cellules humaines dans une matrice tridimensionnelle. Les scientifiques les utilisent pour tester la réponse de ces cellules aux stress, aux médicaments et aux modifications génétiques. Cela concerne surtout des organes liés au système immunitaire, aux troubles squelettiques entraînant l’arthrose ou liés aux fonctions cérébrales et donc mieux comprendre les maladies neurodégénératives telles que la maladie d’Alzheimer et la maladie de Parkinson.
Un exemple de dispositif “puce de tissu”. (Crédit: NASA/Josh Valcarcel)

Dans la partie non pressurisée du cargo, 2 expériences scientifiques OCO-3 et STP-H6 :

Orbiting Carbon Observatory 3 (OCO-3) et Space Test Program-Houston 6 (STP-H6) dans le “trunk” du CRS-17 avant son installation sur le lanceur (credit NASA)
  • Orbiting Carbon Observatory 3 (Observatoire Orbital sur le Carbone), ou OCO-3 examine la dynamique complexe du cycle du carbone atmosphérique de la Terre. La présence de l’observatoire sur la station spatiale permet l’échantillonnage pendant toutes les heures ensoleillées et la cartographie locale ciblée des points chauds d’émission. Les mesures précises de l’OCO-3 permettront aux scientifiques de mieux comprendre les sources de dioxyde de carbone en surface et les puits de stockage à l’échelle régionale, ainsi que les processus contrôlant leur variabilité par rapport aux cycles saisonniers (infos NASA).
  • Le STP-H6 (Space Test Programm – Houston 6) est une combinaison d’expériences comportant huit expériences notamment liées au suivi des étoiles, à la technologie de communication et à la surveillance de l’environnement spatial dont XCOM, une étude de communication par rayons X.

Ces 2 expériences ont commencé à être retirées du “trunk” du CRS-17 pour être installées à l’extérieur de l’ISS. Le STP-H6 est installé sur la poutre en treillis de la Station. OCO-3 a été ensuite transmis au plus petit des 2 bras robotisés du module japonais Kibo.

En complément à ces opérations, les 2 bras vont retirer l’expérience CATS livrée en 2015 à l’ISS [voir Envol du Dragon SpX5 vers l’ISS et test opérationnel pour la Falcon 9R] pour la surveillance atmosphérique mais qui a terminé sa mission. CATS sera placée dans la partie non pressurisée du cargo afin de finir détruite avec elle lors du retour sur Terre du CRS-17 prévu fin mai (seule la partie pressurisée revient sur Terre)

 

Des débuts difficiles pour la Crew Dragon

Bien que la première mission de démonstration de la Crew Dragon se soit passée comme prévu a priori [lire Crew Dragon DM1 : bon retour sur Terre], les problèmes continuent pour SpaceX pour la Crew Dragon.

Le 20 avril, la capsule DM1 explosait lors d’un essai statique [lire Perte de la capsule Crew Dragon lors d’un test]. Un responsable de SpaceX a depuis confirmé que la capsule avait été détruite. Mais il n’y a pas eu à ma connaissance de communiqué officiel de SpaceX.

En parallèle, on apprenait cette semaine que les essais de parachutes de la Crew Dragon avaient connu une défaillance en avril. Les essais se déroulent sur le lac salé Delamar Dry Lake dans le Nevada, avec une maquette du vaisseau.

Photo du quatorzième test global de parachutes de la Crew Dragon dans le désert de Mojave en mars 2018 (credit NASA)

Une dizaine de tests sont nécessaires pour démontrer la sécurité du vaisseau spatial lors de son retour sur Terre. Lors du test d’avril, l’un des quatre parachutes avait été intentionnellement mis en situation d’échec, et les 3 autres devaient permettre un bon atterrissage. Mais selon le chef de la Division des vols habités de la NASA, Bill Gerstenmaier, “les trois autres parachutes n’ont pas fonctionné correctement“. Le vaisseau-test a été endommagé lors de l’impact au sol car le choc s’est fait à une vitesse supérieure à l’attendu.

Gerstenmaier aurait cherché à faire de l’accident une expérience d’apprentissage positive pour la NASA et SpaceX. “Cela fait partie du processus d’apprentissage. Grâce à ces échecs, nous allons apprendre les données et informations nécessaires à une conception qui aboutira à une conception sûre pour nos équipages. Je ne considère donc pas cela comme un inconvénient. C’est pourquoi nous testons.”

Gerstenmaier a déclaré qu’il n’était pas clair si la défaillance s’était produite à cause d’un problème lié au test lui-même, peut-être que le largage depuis l’avion posait problème, à la conception du parachute ou à un autre problème.

Des investigations sont également en cours de ce côté-là.

Lors du vol initial du vaisseau spatial Crew Dragon en mars, le système de parachute avait parfaitement fonctionné lors du retour sur Terre.

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Descente sous parachutes du Crew Dragon DM1 (credit: NASA/Cory Huston)

A noter : un responsable de la NASA a aussi confirmé dernièrement que Boeing a aussi rencontré des défaillances similaires lors des tests de sa capsule Starliner.

Le retour des vols habités vers l’ISS avec un vaisseau spatial américain semble désormais compromis pour cet été, et sera-t-il possible en 2019 ? A suivre.

 

Une réflexion sur “SpaceX : succès pour CRS-17 mais les difficultés se succèdent pour la Crew Dragon

  • Michel Clarisse

    NB : Bill Gerstenmaier avait été candidat astronaute pour le groupe 10 de la NASA en 1984 (rappel).

    Moralité, pour la (ou le) “Crew Dragon”, les emmerdes, ça vole toujours en escadrille, histoire de paraphraser le président Jacques Chirac.

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