Rêves d'Espace

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Actus spatiales du 25 au 31 mars : Newspace, Chine, et un missile dans l’espace

Grosse semaine bien chargée avec des lancements chinois, néo-zélandais, une sortie extravéhiculaire, et l’Inde qui relance la polémique des débris spatiaux en détruisant un de ses satellites avec un missile.

 

Electron :

Vendredi 29 mars une fusée Electron de RocketLab a décollé avec à bord le satellite expérimental R3D2 de la DARPA, depuis le Launch Complex 1 à Mahia Peninsula, en Nouvelle-Zélande. Le succès de ce cinquième tir Electron conforte la place de RocketLab comme leader du marché des micro-lanceurs.

Pour plus d’informations, regardez ici : Electron : le retour des Kiwis

 

Electron et son passager R3D2 quittent le sol au LC1 (crédit Kieran Fenning / Sam Toms / RocketLab)

 

OneSpace rate son entrée en orbite

Mercredi 27 mars, la start-up privée chinoise OneSpace a tenté de réaliser le premier tir de sa fusée OS-M1 au Jiuquan Space Center. Malheureusement le lancement s’est soldé par un échec.

Décollage de la OS-M1 au Jiuquan Space Center (crédit OneSpace)

La OS-M1 est un micro-lanceur de 20 tonnes et 19 mètres de haut, censé pouvoir livrer une charge utile de maximum 205 kilos à 300 km en orbite basse. Le lanceur compte quatre étages, dont seul le dernier est à propergols liquides. Les premier et second étages sont identiques. Le premier a marché de façon nominale, mais la défaillance de l’accéléromètre du second étage a entraîné une perte de contrôle de la SCAO du lanceur (système de contrôle d’attitude et d’orbite). La OS-M1 s’est finalement crashée deux minutes après le décollage, à quelques kilomètres du pas de tir, ne faisant aucune victime.

Sur la vidéo amateure, on voit bien la perte de contrôle du lanceur juste après la séparation du premier étage.

OneSpace est une des toutes nouvelles entreprises privées du Newspace chinois. Ces entreprises, dont l’état chinois n’est pas l’actionnaire majoritaire, ont le droit de proposer des solutions de lancements seulement depuis la signature d’un décret gouvernemental en 2014. Avant, seul l’état chinois et ses entreprises le pouvaient. Depuis, OneSpace a développé un lanceur suborbital (OS-X), testé deux fois en 2018, et l’OS-M1, dont la technologie dérive d’un missile balistique. Même si ce premier essai est malheureux, le PDG de OneSpace a déjà annoncé une autre tentative d’ici la fin de l’année, ainsi que deux autres tirs suborbitaux.

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La OS-M1 devrait redécoller fin 2019 (crédit OneSpace)

La OS-M1 transportait le cubesat (6U) Lingque 1B. Il était censé être le second élément de la constellation Magpie, de 136 cubesats d’imagerie de la société chinoise ZeroG Lab.

C’est la deuxième fois que le spatial privé chinois tente une mise en orbite. Le premier échec est celui de la compagnie LandSpace et de sa fusée la Zhuque-1 en 2018. Désormais c’est la société iSpace qui sera la prochaine à tenter le coup avec la Hyperbola-1 dans les prochains mois.

 

Sources : Ecns, SpaceNews (Andrew Jones), SpaceflightNow, OneSpace.

 

L’Inde détruit un de ses satellites avec un missile

Mercredi 27 mars, le premier ministre indien, Narendra Modi, a annoncé que lors d’un exercice, un missile balistique indien a abattu un satellite en orbite basse. Selon la NASA, 400 débris auraient été générés dont 60 traqués et 24 dont l’orbite est au-dessus de celle de l’ISS.

Détails sur l’article dédié : L’Inde détruit un satellite par un tir de missile


 

Nouvelle sortie spatiale à l’ISS : EVA 53

La 215e sortie spatiale pour la maintenance de l’ISS a eu lieu le vendredi 29 mars. Nick Hague et Christina Koch ont passé 6 heures et 45 minutes dans l’espace lors de l’EVA 53.

A lire ici : Nouvelle sortie spatiale à l’ISS : EVA 53

Christina Koch lors de l’EVA 53 (credit NASA TV)

 

LM-3B : la Chine lance un nouveau satellite relais

Dimanche 31 mars, à 17h51 heure française (23h51 heure locale), le lanceur lourd chinois LM-3B a décollé avec à bord le satellite de communication Tianlian 2-01, depuis le Xichang Satellite Space Center. Le lancement a été un succès. C’était le 20ème lancement de 2019 et le 301ème lancement d’une fusée Long March.

Décollage de la LM-3B/G2 (crédit CASC)

Deux minutes et sept secondes après le décollage, les boosters additionnels se sont séparés du lanceur, puis 85 secondes plus tard l’étage principal s’est à son tour séparé. D’habitude, ces morceaux retombent aux alentours du pas de tir, amenant un lot d’images amateures de boosters qui retombent dans les rizières ou sur les toits des habitants du coin. Cette fois-ci aucune image n’est sortie vu que c’était un vol de nuit. A T + 3min 35 s, la coiffe était larguée. Le second étage a fonctionné pendant pendant 326 secondes avant de passer le relais au troisième étage, qui, avec plusieurs allumages moteur, a placé Tianlian 2-01 en orbite géostationnaire.

La LM-3B/G2 avec Tianlian 2-01 à bord (crédit CASC/Weibo)

Tianlian 2-01 est le premier d’une nouvelle génération de satellites de communication construits par la CAST (China Academy of Space Technology). La première mission des satellites Tianlian est d’assurer le relais entre les stations au sol et les satellites, mais aussi avec les vaisseaux Shenzhou et les stations spatiales chinoises. Tianlian 2-01 servira notamment de relais entre le sol et la future station orbitale Tiangong-3. La seconde mission de ces satellites est de complémenter les données mesurées au sol sur la position et la télémétrie de tel ou tel spacecraft. Ce concept de mission est très similaire aux satellites américains TDRSS (Tracking and Data Relay Satellite System), ou aux satellites russes Lutch.

La première génération de satellite Tianlian (4 satellites Tianlian 1) a été lancée entre 2008 et 2016. Tianlian 2-01 était censé décoller en 2018, mais le lancement a été reporté. La génération Tianlian 2 s’appuie sur une nouvelle génération de plateforme satellite : la DFH-4.  Il s’agit de la troisième génération de plateforme développée par la CAST : 2360mm x 2100mm x 3600mm ; 5200 kilos au décollage ; des panneaux solaires fournissant une puissance électrique de 10.5 kW (dont 8kW disponibles pour la charge utile) ; pouvant accueillir des transpondeurs en bandes C, Ku, Ka, L ; stabilisé 3-axes ; plus de 15 ans d’espérance de vie.

Le pas de tir Xichang Space Center, avant le décollage (crédit CASC/Weibo)

Sources : SpaceflightNow, Global Times.

 

En bref…

Disparation du cosmonaute Valeri Bykovski

Le cosmonaute soviétique Valery Bykovsky vêtu de sa combinaison spatiale Vostok 5 (credit Roscosmos)

Le 27 mars, le cosmonaute Valeri Bykovski est décédé à l’age de 84 ans. Bykovsky a été sélectionné pour le programme spatial soviétique aux côtés de Youri Gagarine en tant que membre du premier groupe de cosmonautes en mars 1960 [parmi le groupe original de 20 cosmonautes, seuls Alexei Leonov et Boris Volynov sont désormais encore en vie]. Il a volé trois fois dans l’espace, enregistrant un total de 20 jours, 17 heures et 47 minutes en orbite terrestre. Bykovsky a débuté sa première mission le 14 juin 1963 en tant que pilote de Vostok 5, cinquième vol spatial de l’ex-Union soviétique et onzième vol au monde, en parallèle de celui de Valentina Tereshkova, première femme dans l’espace.

Valery Bykovsky (à gauche) avec ses collègues cosmonautes du programme Vostok, Valentina Tereshkova et Yuri Gagarin (credit Roscosmos)

La seconde mission de Bykovsky intervint 13 ans plus tard, avec son décollage le 15 septembre 1976 en tant que commandant de Soyouz 22. Avec son équipier Vladimir Aksyonov, Bykovsky a passé une semaine à observer la Terre, prenant plus de 2 400 photos de la planète avec une caméra multispectrale pouvant prendre six images simultanément. Le troisième et dernier vol spatial de Bykovsky était une mission Interkosmos avec Sigmund Jähn, premier citoyen allemand dans l’espace, pour un vol d’une semaine.

Article à lire sur le site de la Cité de l’espace : Disparition de Valeri Bykovski

2e rencontre du Soleil pour Parker Solar Probe

Le 30 mars 2019, Parker Solar Probe entame la deuxième phase de sa “rencontre” avec le Soleil. Le périhélie, le point le plus proche du Soleil, sera atteint le 4 avril.
Le graphique ci-dessus montre l’emplacement et la vitesse (par rapport au Soleil) de Parker Solar Probe le 28 mars, deux jours avant le début de sa deuxième rencontre solaire. La sonde solaire Parker atteindra son deuxième périhélie du Soleil le 4 avril. (Photo: NASA / Johns Hopkins APL)
Au cours de cette phase au plus proche du Soleil, qui dure jusqu’au 10 avril, les quatre suites d’instruments scientifiques de la sonde seront pleinement opérationnelles et stockeront les données scientifiques recueillies sur la couronne solaire. Les données scientifiques n’atteindront le centre d’opérations de la mission Parker Solar Probe du laboratoire de physique appliquée Johns Hopkins dans le Maryland, que plusieurs semaines plus tard, au printemps 2019, car la priorité est donnée au maintien du bouclier thermique de la sonde vers le Soleil et non aux communications vers la Terre.
Le périhélie devrait être à environ 15 millions de kilomètres de la surface du Soleil. La vitesse maximale de l’engin spatial, d’environ 340 000 km/h, est identique à la première rencontre solaire de la mission. En décembre 2019, Parker Solar Probe effectuera le deuxième des sept assistances gravimétriques Venus de sa mission, établissant la trajectoire qui permettra à la sonde de se rapprocher du Soleil et d’atteindre une vitesse maximale plus élevée.

 

Réveil Yutu-2 & Chang’e 4

Le rover Yutu 2 s’est réveillé de sa 3e nuit lunaire le 29 mars. Puis l’atterrisseur Chang’e-4 s’est réveillé le 30 mars. L’atterrisseur et le rover Yutu-2 sont maintenant actifs pour le quatrième jour lunaire de la mission Chang’e-4 sur la face cachée de la lune.

Image du sol lunaire prise par Yutu-2 diffusée par la CLEP au réveil de la 3e nuit lunaire

 

Image du sol lunaire prise par Yutu-2 diffusée par la CLEP au réveil de la 3e nuit lunaire

Des nouvelles images de Chang’e 4, parues dans une étude dans Nature, semblent montrer que certaines roches se trouvant à la surface de Statio Tianhe proviennent du manteau lunaire, ce qu’espérait la CLEP en posant Chang’e 4 dans le grand cratère Aitken.

 

Accord entre la France et la Chine pour une future participation dans le programme lunaire

Le 25 mars, lors de la visite du président chinois Xi Jinping à Paris, les directeurs des agences spatiales et françaises et chinoises, Jean-Yves Le Gall et Zhang Jianhua, ont signé un accord pour que le CNES fournisse un instrument pour la mission Chang’e 6. Cette mission, utilisera le double de Chang’e 5 pour faire un second prélèvement d’échantillon lunaire en 2023-2024.

Signature de l’accord concernant l’exploration de la Lune avec la mission chinoise Chang’E-6. Crédit : Twitter de Jean-Yves Le Gall
Signature de l’accord à Paris (crédit CNES)

 

Linkspace : nouvelle étape de test franchie pour le démonstrateur

La start-up chinoise Linkspace a réalisé un premier test, le 27 mars, de la NewLine Baby, un démonstrateur de première fusée réutilisable chinoise. La NewLine Baby a décollé du tout nouveau pas de tir, est montée de quelques dizaines de mètres, puis est redescendue sans encombre sur le pas de tir. C’est la première fois que Linkspace exécute un test de démonstrateur sans qu’il soit accroché par le haut à un câble de sécurité.

La NewLine Baby sert de démonstrateur technologique pour tester les différents systèmes de redescente de la future fusée NewLine, qui sera la première fusée réutilisable chinoise. Le premier vol de la NewLine est annoncé pour 2020.

 

Test Mars Helicopter

Le JPL a annoncé que le Mars Helicopter, futur premier drone volant martien, avait passé avec succès ses tests. Il y a eu dernièrement deux vols, les deux dans une chambre à vide dont la pression et la distribution de gaz était identique à l’atmosphère martienne (la pression atmosphérique sur Mars est cent fois inférieure à celle sur Terre) . Le modèle d’ingénierie a pu voler dans ces conditions, ce qui était le principal défi.

Le Mars Helicopter, embarquera vers Mars avec le futur rover américain Mars2020. Ils devraient se poser sur la surface en 2021.

 

NB : article écrit à 4 mains avec Isabelle !

3 réflexions sur “Actus spatiales du 25 au 31 mars : Newspace, Chine, et un missile dans l’espace

  • Michel Clarisse

    NB : Vostok-5 fut le 9e vol orbital piloté après Vostok-1 (Gagarin), Vostok-2 (Gh. Titov), MA-6 (Glenn, Jr.), MA-7 (Carpenter), Vostok-3 (Nikolayev), Vostok-4 (Popovich), MA-8 (Schirra) et MA-9 (Cooper).

    Ce fut également le 13e vol spatial piloté, compte tenu des vols suborbitaux effectués à plus de 80 km (ou de 50 miles) après Vostok-1 (Gagarin), MR-3 (Shepard, Jr.), MR-4 (Grissom), Vostok-2 (Gh. Titov), MA-6 (Glenn, Jr.), MA-7 (Carpenter), X-15, 62e vol (Robert M. White), Vostok-3 (Nikolayev), Vostok-4 (Popovich), MA-8 (Schirra), X-15, 77e vol (Joseph A. Walker) et MA-9 (Cooper, Jr.).

    Ce fut le 11e vol si l’on tient compte des 9 premiers vols orbitaux ainsi que de MR-3 et 4 mais pas des vols de X-15.

    Lors de son (premier) retour sur Terre, le 19 août 1963, Valeriy F. Bykovskiy détenait le record de durée dans l’espace devant 9 autres astronautes ou cosmonautes, à savoir Nikolayev, Popovich, Valentina Tereshkova (revenue de Vostok-6, 2 h 46 avant lui), Cooper, Titov, Schirra, Carpenter, Glenn et Gagarin (sans tenir compte des vols suborbitaux).

    A noter que Soyouz-22 fut une mission à but militaire.

    Sur les 559 astronautes (et autres) qui ont effectué à ce jour des vols orbitaux, Bykovskiy est le 97e à décéder.

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  • Michel Clarisse

    Et le lancement par l’Inde, le 31 mars, d’EMISAT et de 28 cubesats (dont plusieurs étrangers) par la fusée PSLV-C45 ?

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    • Le lancement était le 1er avril en heures UTC, donc dans le récap de la semaine à venir

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